Ces prières de rue qui divisent la France

© East News Alexander Widding Des gens prient, image d'illustration
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«Non seulement ils provoquent un débat politique qui sera de toute façon néfaste aux musulmans, mais en plus ils gênent l’ensemble des musulmans de France», estime Camel Bechikh, le président de l’association «Fils de France», à propos de la déclaration controversée de Marine Le Pen sur les prières de rue.

Lundi 27 mars, Marine Le Pen a dit sur l'antenne d'Europe 1 que les prières de rue étaient interdites en France et a qualifié de « scandaleuse » la prière de rue organisée à Clichy-la-Garenne. Une déclaration inexacte, car aucune loi n'interdit spécifiquement les prières de rue. Pour autant, l'acceptation de cette pratique fait depuis débat dans le pays.

Pour l'Abbé Guillaume de Tanoüarn, prêtre catholique, philosophe et directeur du Centre Saint-Paul, tout est clair: « tout dépend de l'ordre public ou du désordre public que ces prières peuvent éventuellement causer ».

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Selon lui, les propos de Marine Le Pen sur l'interdiction des prières de rue sont une sorte de manifestation de « l'esprit laïc de la loi qui en France stipule que toute manifestation religieuse ou spirituelle relève de la conscience individuelle et ne doit pas se manifester dans l'espace public ».

« Malheureusement, je pense qu'on ne va pas au fond des choses en s'appuyant sur cet esprit laïc de la loi. Parce que cet esprit laïc de la loi est un esprit qui est intrinsèquement diviseur au fond, il n'autorise plus comme seul idéal aux hommes que l'agnosticisme, voire l'athéisme », estime l'Abbé Guillaume de Tanoüarn au micro de Sputnik.

Le prêtre estime toutefois que chaque homme a le droit d'exprimer sa religion et que le fait d'enfermer la vie spirituelle dans la conscience individuelle est une limitation de la liberté.

« Les prières de rue musulmanes ont un aspect revendicatif qui est absolument étranger aux processions et aux prières catholiques, qui ont traditionnellement émaillé les rues de nos villes françaises. C'est donc une situation déjà politiquement très différente. On peut se demander si culturellement, le problème lui-même existe entre des prières de rue chrétiennes et des prières de rue musulmanes. Poser la question, d'une certaine façon c'est y répondre », a-t-il résumé.

De son côté, Camel Bechikh, président de l'association « Fils de France » estime que « lorsque Marine Le Pen dit qu'il y a une loi, ce n'est pas le problème de savoir s'il y a une loi ou s'il n'y a pas de loi. En tout cas, il y a une coutume, en tout cas il y a un usage, en tout cas il y a des comportements qui font partie des manières de se conduire dans l'espace public », où l'on ne prie pas, sauf autorisation exceptionnelle.

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Il a également rappelé que la laïcité anthropologique avait été assimilée au fil des années « par les Français, même parmi les pieux catholiques, les pieux juifs, les pieux protestants, ils ont assimilé le fait que la rue était un espace de neutralité. »

« À partir du moment où pour une prière, qu'ils auraient pu faire dans d'autres mosquées par ailleurs — et ils n'ont pas voulu aller dans une autre mosquée parce que c'était une association rivale — ils ont re-provoqué, ils ont encore soufflé sur les braises pour allumer encore l'incendie dont on n'arrive pas à sortir. C'est irresponsable », a-t-il poursuivi.

« Et je pense que Marine Le Pen a raison: non seulement ils provoquent un débat politique qui sera de toute façon néfaste aux musulmans, mais en plus ils gênent l'ensemble des musulmans de France », conclut le président de l'association « Fils de France ».

Le 22 mars, les forces de l'ordre ont évacué une mosquée à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine). La mairie envisageait de transformer le site qui lui appartient en médiathèque. Pourtant, les musulmans de Clichy-la-Garenne ont décidé de conserver leur lieu de culte. En conséquence, ils ont prié devant la mosquée fermée par les autorités. Cet incident a été largement débattu en France.

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