Ces déclarations du gouvernement saoudien interviennent après la rencontre du président américain Donald Trump avec le vice-prince héritier du trône saoudien Mohammed ben Salmane, marquant un tournant dans les relations entre les deux pays. Les États-Unis et l'Arabie saoudite sont unis par leur volonté de réfréner l'Iran au niveau global et de l'écarter des principaux marchés énergétiques, notamment chinois.
Le scandale a éclaté la semaine dernière après le dépôt d'une plainte collective par des proches des victimes des attentats du 11 septembre 2001 à la cour fédérale de Manhattan au nom de 800 morts et de 1 500 blessés (le montant total de la plainte s'élève à 6 milliards de dollars). Les plaignants accusent l'Arabie saoudite et les organisations présentes sur son territoire de soutenir le groupe terroriste international Al-Qaïda, dont les membres ont organisé les plus grands attentats de l'histoire américaine.
Toutefois, l'initiative des citoyens américains pourrait s'avérer « hors tendance » pour l'administration de Donald Trump, et être étouffée. Le nouveau locataire de la Maison blanche s'est engagé à rétablir les relations avec Riyad et ce soutien américain retrouvé offre à l'Arabie saoudite non seulement l'occasion de suspendre la plainte, mais également accroît considérablement ses chances d'affirmer son leadership régional dans la confrontation avec son principal rival géopolitique — l'Iran.
D'autre part, le communiqué de presse de la Maison blanche évoquait l'intention de « renforcer et promouvoir les relations stratégiques américano-saoudiennes » dans le domaine politique, économique, culturel et sécuritaire. D'après la déclaration américaine, le programme de coopération est estimé à « 400 milliards de dollars d'investissements directs et indirects dans les quatre prochaines années ».
La présence, au sein de l'équipe Trump, de deux figures clés ayant des liens de longue date avec l'Arabie saoudite contribue à cette nouvelle « lune de miel » dans les relations entre Washington et Riyad. Le secrétaire à la Défense James Mattis, avant sa nomination à la tête du Pentagone, a travaillé pendant dix ans au renforcement des relations militaro-techniques entre les USA et les monarchies du Golfe. Le nouveau chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson, qui dirigeait avant son arrivée au département d'État le géant pétrolier ExxonMobil, avait également noué des contacts d'affaires étroits avec les partenaires saoudiens. Tous les deux s'opposent à ce que la mise en œuvre de réformes politiques et le respect des droits de l'homme par les autorités saoudiennes (ce sur quoi insistait l'ancienne administration) soit une condition pour apporter à Riyad une assistance militaire américaine.
Ces métamorphoses dans la position de Donald Trump au sujet de l'Arabie saoudite ont montré à quel point le successeur d'Obama était capable de changer soudainement ses priorités. Pendant sa campagne électorale, il avait attaqué plusieurs fois le royaume en insistant que sans le soutien américain le régime de Riyad s'effondrerait rapidement. Le républicain avait aussi accusé ces « alliés débordant d'argent » de forcer les USA à assurer leur sécurité « sans rien donner en échange ». Cependant aujourd'hui, Donald Trump n'insiste plus sur la « dette impayée » de Riyad et a l'intention d'établir avec la monarchie arabe une coopération stratégique pour de longues années.
Hormis les USA et l'Arabie saoudite, cette coalition pourrait être rejointe par Israël et la Turquie, qui réaniment l'idée de longue date selon laquelle le principal facteur de déstabilisation au Moyen-Orient est Téhéran.
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