Le tireur, grièvement blessé sur les lieux du crime par le garde du corps de Voronenkov, est décédé quelques heures plus tard à l'hôpital. Les autorités ukrainiennes accusent les services russes d'avoir organisé l'assassinat, tandis que Moscou nie toute implication dans ce meurtre.
Denis Voronenkov a été tué à 11h25 à proximité de l'hôtel de luxe Premier Palace. Avec son garde du corps, un agent des services spéciaux, il devait rencontrer Ilia Ponomarev — lui aussi ancien député russe fugitif. Mais il n'a pas réussi à arriver jusqu'à l'hôtel.
40 minutes après la fusillade, le chef de la police de Kiev Andreï Krichtchenko a déclaré que le garde du corps et l'assaillant avaient été blessés. Selon lui, cet assassinat était commandité: « C'est la première version examinée actuellement, compte tenu de la proximité de la victime, de son activité et du modus operandi du crime ».
Le porte-parole du ministère ukrainien de l'Intérieur Artem Chevtchenko estime que ce meurtre était profitable à Moscou qui, selon lui, mène contre Kiev « une guerre ouverte et cachée ». « Dans le pays il y a des agents et des hommes qui y contribuent », a déclaré Chevtchenko avant d'ajouter que l'implication de la Russie était « évidente ».
L'enquête sur cette affaire retentissante est menée par le Parquet de Kiev. « Deux pistes sont suivies, a déclaré pendant une conférence de presse le procureur général Iouri Loutsenko. La première est celle d'une vengeance pour des "dépositions très importantes" faites par Voronenkov dans l'affaire du président fugitif Viktor Ianoukovitch. La seconde l'implication des représentants du FSB qui auraient décidé de se venger de Voronenkov pour ses investigations sur la contrebande ».
Mais était-ce un motif pour commettre un assassinat retentissant? Les experts en doutent car il avait déjà fait sa déposition.
En Russie, Voronenkov était soupçonné depuis 2014 d'être complice de la prise de contrôle illégale d'un bâtiment dans le centre de Moscou. Le 6 avril 2015, le Comité d'enquête russe avait envoyé au procureur général les documents prouvant la culpabilité du communiste protégé par l'immunité parlementaire. Cependant, le mandat d'interpellation contre l'ex-député n'avait été délivré que le 15 février 2017.
L'ex-député n'était alors plus présent sur le territoire russe. Dans une interview accordée aux médias ukrainiens Voronenkov affirmait être poursuivi par les services russes. Il craignait d'être extradé d'Ukraine « dans un coffre de voiture ».
Les experts interrogés s'accordent à dire que Kiev ayant obtenu de Voronenkov toutes les « preuves » nécessaires de la culpabilité de Ianoukovitch, le député fugitif était devenu inutile. Son élimination permet aux autorités post-Maïdan de continuer d'accuser Moscou de tous les maux nationaux tout en cachant le déchaînement démesuré de la criminalité en Ukraine.
Le ministère de l'Intérieur a déjà annoncé avoir retrouvé un passeport ukrainien dans la poche de l'assaillant. Une source de la police a confirmé que le meurtrier décédé possédait une attestation délivrée par la Garde nationale ukrainienne prouvant sa participation aux opérations militaires dites « antiterroristes » dans le sud-est du pays. La source confirme qu'il y aurait directement participé.
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