Radicalisation dans les lycées en France: le CNRS tire la sonnette d’alarme

© AFP 2024 YANNICK GRAZIANIdemonstration in Ajaccio
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Les résultats de l’enquête du CNRS sur la radicalité et la radicalisation dans le milieu lycéen s’avèrent très alarmants car ils montrent une forte montée des idées radicales parmi les jeunes en France. Une sociologue du CNRS, ayant effectué l’étude en question, décrit ces résultats pour Sputnik.

Anne Muxel et Olivier Galland, deux sociologues du CNRS, ont rendu publics les premiers résultats de l'étude sur la radicalité et radicalisation dans les lycées en France. L'enquête, qui tente de mesurer la pénétration des idées radicales chez les jeunes, montre notamment que 25 % des lycéens du panel jugent acceptables certains comportements violents ou déviants.

Interrogée par Sputnik, Anne Muxel fait remarquer qu'il faut savoir distinguer la protestation politique de la radicalité. Selon la sociologue, cette différence dans la détermination est très importante surtout dans le milieu des jeunes qui font leurs tous premiers pas en politique car la manière de protester peut vite tourner en passage à l'acte de violence liée au fait d'accepter de combattre les forces de l'ordre dans la rue ou de provoquer des dégâts matériels.

« Cela existe, ça concerne à peu près deux jeunes sur dix — ce qui n'est pas rien, mais c'est une petite minorité. Certes, des minorités peuvent faire beaucoup de bruit et puis peuvent surtout créer de l'agitation et des mouvements de rue, mais ce n'est pas la grande majorité des lycéens », précise Mme Muxel.

D'ailleurs, pour elle, l'objectif essentiel de l'enquête en question n'est pas de repérer les jeunes radicalisés ou en voie de l'être, mais de mesurer le degré d'adhésion à la radicalité au sein de la jeunesse, notamment en matière de religion et de politique.

En parlant de religion, les résultats obtenus montrent que les jeunes musulmans sont plus affectés par des idées radicales que les adolescents des autres confessions.

« Chez ces jeunes musulmans, on peut effectivement observer un plus fort degré d'absolutisme religieux ainsi que celui d'acceptation et de tolérance à la violence et aussi à la déviance. […] Mais on ne sait pas si pour autant ils vont se radicaliser — c'est important », explique la sociologue.

En même temps, les sociologues expliquent qu'il ne s'agit pas de parler uniquement du comportement violent mais aussi et surtout des idées radicales qui peuvent se manifester, par exemple, par des envies de changements radicaux de la société par une action révolutionnaire, que ce soit des grèves, des manifestations ou des voix en faveur de partis hors système ou extrémistes.

Ainsi, d'après Mme Muxel, les jeunes affectés par les idées radicales vont finir par se rendre aux urnes mais soutiendront plutôt des partis protestataires.

« Il y a une fraction importante de jeunes qui vont donner leurs voix soit à un parti hors système qui porte la voix de la protestation qui est celui de Marine Le Pen et du Front national. Par ailleurs, il y a aussi des jeunes qui votent en un peu plus grand nombre que dans l'ensemble de la population, par exemple, pour un candidat comme Jean-Luc Mélenchon », précise-t-elle.

Ainsi, selon la sociologue, les résultats de leur enquête s'avèrent inquiétants et devraient être pris en considération par les familles, les responsables du système éducatif et du ministère de l'Éducation nationale.

« Il faut être attentif à une certaine tolérance de la violence dans certains segments de la jeunesse », conclut la sociologue.

Une étude coordonnée par deux sociologues Anne Muxel et Olivier Galland auprès de plus de 7 000 lycéens, issus de quatre académies, Lille, Créteil, Dijon et Aix-Marseille et 21 lycées, a été publié le 20 mars et avait comme objectif de révéler le degré de la radicalité auprès des jeunes ainsi que les facteurs d'adhésion du milieu lycéen à la radicalité politique et religieuse. Une recherche qui s'inscrit dans le cadre de l'appel à projets du président du CNRS sur le terrorisme et les attentats, pour aider les pouvoirs publics à mieux comprendre un ensemble de phénomènes associés à ces événements.

Police officers coordinate operations near the Tocqueville high school in Grasse, southwestern France, after a shooting occured in the school on March 16, 2017. - Sputnik Afrique
Fusillade dans un lycée à Grasse: deux blessés, un lycéen interpellé

Cette recherche est d'autant plus d'actualité sur fond des évènements qui ont secoué la France ces derniers temps. Ainsi, une fusillade s'est produite le 16 mars dans un lycée à Grasse, dans les Alpes-Maritimes (sud-est de la France), faisant plusieurs blessés. Selon les dernières informations, deux élèves ont tiré sur le proviseur du lycée Tocqueville. L'enquête ouverte à la suite de la fusillade ne s'oriente pas du tout vers la piste terroriste mais suppose que le suspect pourrait souffrir de troubles psychologiques.

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