Cette migration fait d'ailleurs mécaniquement monter Emmanuel Macron dans les sondages portant sur le premier tour des élections présidentielles, mais risque fort d'assécher sa réserve d'électeur s'il devait concourir lors du second tour. Mais, ces déclarations jettent aussi une lumière crue sur le mécanisme des « primaires » dites citoyennes qu'avait initié la Parti socialiste en 2007. Il montre à tous ceux qui étaient encore dupes que ce mécanisme a essentiellement pour fonction de faire avaliser par une base que l'on souhaite passive un choix d'état-major, choix qui peut être conflictuel entre les différents courants.
L'ultime trahison de Valls et des hiérarques socialistes
En de décidant à ne pas parrainer le candidat élu dans cette « primaire », Manuel Valls, ancien Premier ministre, montre de quoi il s'agit. Si le résultat de cette « primaire » ne convient pas, on l'ignore! Il ne pouvait cependant pas ignorer, ayant été battu par le vote de électeurs, que ce ne serait pas sa « ligne », si tant est qu'il en ait une, qui serait appliquée. Comment ne pas voir que ce geste, après de nombreux autres, contient un formidable mépris pour la démocratie et pour la souveraineté du peuple? Car, un vote est un vote! Bien entendu, on n'attend pas d'un vote qu'il fasse changer les idées. Les perdants de ce vote sont déçus, ce qui est normal et naturel. Mais, ils se devraient de se plier à la discipline démocratique qui veut que, quand on est battu on accepte la victoire de son opposant, et on le reconnaît comme légitime. En démocratie, la majorité gouverne (et respecte le droit à la parole de la minorité). C'est du moins ainsi que fonctionnent les règles dans la politique, autrement dit non pas dans un affrontement entre amis-ennemis mais dans un affrontement entre adversaires partageant des principes communs. Mais ce n'est pas ainsi que l'entendent les amis de Manuel Valls et de François Hollande. Et, ce comportement nous en dit long sur le mépris des principes démocratiques qui les habite.
L'imposture des primaires dévoilée
Il faut cependant aller plus loin qu'un simple constat. Le comportement de Manuel Valls, mais aussi de bien d'autres hiérarques « socialistes » qui ont entrepris la migration devant les conduire chez Macron, témoigne que, pour ces gens, les affrontements au sein du PS ne relevaient pas de la politique mais du politique, soit un affrontement entre amis-ennemis. Autrement dit que les conflits politiques entre courants du PS étaient irréconciliables. Mais, pourquoi ne l'ont-ils dit plus tôt? Pourquoi, dans ce cas, prétendre organiser un « primaire » qui n'a de sens que si l'on se situe dans la politique? Il y a là une imposture énorme. Comment ne pas voir que leur comportement, à tous ces hiérarques cumulards, discrédite radicalement le mécanisme de la « primaire » citoyenne?
La victime de tout cela s'appelle Benoît Hamon, qui se retrouve aujourd'hui dans une position intenable, et qui voit les intentions de vote en sa faveur fondre comme neige au soleil. Il est désormais talonné par Jean-Luc Mélenchon. S'il veut tirer toutes les conséquences de l'imposture à laquelle il a participé, son retrait de l'élection présidentielle s'impose. Il devrait s'incliner devant la dynamique qui semble aujourd'hui devoir porter la candidature de J-L Mélenchon, qui a réussi une démonstration de force place de la République ce samedi 18 mars.
Le discrédit du PS, et celui de « la » politique
Il n'en reste pas moins que les principes que peuvent évoquer ces hiérarques fuyant vers le paradis macroniste se réduisent, en réalité, à diverses prébendes et autres fiefs électoraux. Ce qui donne une forte envie de vomir tant cela dégrade encore plus l'image de la politique. On voit ainsi des femmes et des hommes qui, hier, juraient la main sur le cœur de leur attachement au Parti Socialiste, de leur engagement pour le bien commun, et qui aujourd'hui se précipitent, tels des rats quittant un navire faisant naufrage, vers un autre candidat. Cet autre candidat, il est vrai, est issu en partie de leur sérail, ce qui rend la conversion certainement moins douloureuse.
En cela, la candidature d'Emmanuel Macron achève de manière judicieuse le calamiteux quinquennat de François Hollande. On commence à percevoir clairement que cette candidature est en réalité celle de la continuité. On y trouve tout ce qui fut la marque de l'actuel Président, du mépris du peuple à l'indécence dans la fonction.
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