L’Europe et la Turquie, une histoire qui se termine mal

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La tension est à son paroxysme entre Ankara et les chancelleries occidentales. Retour sur le sujet avec François Lafond, spécialiste de la politique européenne à Sciences Po, Philippe Kaltenbach, sénateur socialiste des Hauts de Seine et Alexandre del Valle, géopolitologue et essayiste.

Tout a commencé lorsque le gouvernement des Pays-Bas a refusé d'accueillir Mevlut Cavusoglu, ministre des Affaires étrangères, qui souhaitait y tenir un meeting de soutien au président Erdogan. Le président turc a alors menacé une nouvelle fois, de laisser entrer massivement les migrants syriens dans l'Union Européenne. L'adhésion de la Turquie à l'espace européen est-elle désormais enterrée?

Philippe Kaltenbach, membre de la mission d'information sur la position de la France à l'égard de l'accord de mars 2016 entre l'Union européenne et la Turquie sur les migrants, estime que le président turc « est dans une dérive très, très autoritaire et qui a tendance à provoquer, en plus il a un référendum le 16 avril donc il essaie de mobiliser son électorat en désignant des boucs émissaires, en désignant des ennemis, donc il est très agressif […] c'est surtout du discours entre ses grandes menaces, son chantage et ensuite les actes […] il sait qu'il a intérêt de maintenir de bonnes relations in fine avec l'Occident et avec l'Europe. »

L'auteur de l'ouvrage Les vrais ennemis de l'Occident: du rejet de la Russie à l'islamisation de nos sociétés ouvertes aux Editions du Toucan, Alexandre del Valle partage ce jugement, soulignant que l'idéologie d'Erdogan est « ultranationaliste et néo-ottomane qui veut mélanger le nationalisme panturc et la fierté ottomane et califale afin que la Turquie redevienne la maitresse des nations musulmanes sunnites d'où le rapprochement avec le Hamas et la défense des sunnites en Syrie contre Bachar al-Assad […] Il y a des choses beaucoup plus graves que les paroles, il faut savoir que ces dernières semaines, l'Europe n'a pas été solidaire d'un de ses membres, la Grèce dont l'armée turque revendique une partie des iles. Il y a eu des provocations y compris d'un général de l'armée turque qui est venu réclamer des iles de la mer Égée en contestant les frontières internationales. »

L'Europe n'a pas tenu ses promesses de l'accord sur les migrants, dénonce Erdogan. François Lafond explique que « c'est en partie vrai, en partie faux […] puisque la libéralisation du régime des visas n'est pas prévue malgré ce que l'on avait dit […] les critères de référence qui avaient été définis par l'Union Européenne n'ont pas été respectés par le gouvernement turc […] D'un autre côté, c'est vrai que le gouvernement turc tient en quelque sorte sa part de l'accord, puisque le flux des migrants s'est complètement arrêté de leur côté et que l'Union Européenne a déjà versé plus de deux milliards d'euros pour aider le gouvernement turc dans le cadre de cet accord. »

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