L’expérience de Milgram confirmée: c’est la circonstance qui fait le nazi

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On pourrait croire que les gens des pays démocratiques sont moins disposés à la soumission que dans les pays totalitaires. Des expériences réalisées il y a 50 ans et tout récemment prouvent qu’il n’en est rien.

Des psychologues ont reproduit la fameuse expérience aux chocs électriques de Stanley Milgram sur le territoire de la Pologne et n'ont trouvé aucune différence entre le comportement des gens, que ce soit en Amérique démocratique ou dans un ancien pays totalitaire. Les résultats de l'expérience ont été publiés par Social Psychological and Personality Science.

« Quand les gens prennent connaissance de l'expérience de Milgram, ils disent toujours : "Je ne ferais jamais cela". Mais notre étude a montré combien forte est l'influence de la situation sur le comportement des gens et combien rapidement ils consentent à faire ce qu'ils trouvent honteux ou désagréable », raconte Tomasz Grzyb de l'Université des sciences sociales et humanitaires de Wroclaw (Pologne).

Dans les années 1960, le psychologue américain Stanley Milgram a mené à l'université Yale une série d'expériences sur l'apprentissage. Dans le cadre de ces expériences, une personne adoptant le rôle d'« enseignant » apprenait à un « élève » à mémoriser des mots en présence d'un expérimentateur, administrant des décharges électriques en cas d'erreur.

Chaque réponse incorrecte entraînait une décharge d'une puissance de plus en plus importante, allant de 15 à 450 volts. En réalité, les chocs électriques étaient fictifs et le rôle de l'élève était joué par un comédien qui se plaignait au début de l'expérience, puis suppliait d'arrêter. Cependant, l'expérimentateur exigeait de poursuivre l'expérience « à tout prix ».

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De fait, le contenu de l'expérience reproduisait la situation des camps de concentration nazis et permettait ainsi d'apporter une réponse à la question de savoir si leur personnel de rang « exécutaient les ordres », selon le responsable de la « solution finale » Adolf Eichmann, ou participaient bénévolement et sciemment à l'organisation de l'holocauste.

Cette expérience et ses résultats prouvant que la majorité des gens sont prêts à faire du mal à des personnes innocentes sur l'ordre d'un supérieur ont provoqué un large mécontentement chez les chercheurs et au sein de l'opinion publique. De nombreux scientifiques ont mis en doute l'aptitude professionnelle de Stanley Milgram, l'ont accusé d'avoir manipulé les données et ont même menacé de le traduire en justice.

Selon Tomasz Grzyb, par la suite, beaucoup se sont mis à affirmer que ce « test de totalitarisme » pouvait aboutir à des résultats différents dans les pays qui n'ont jamais été totalitaires (les États-Unis au premier chef) et dans les États se trouvant tout récemment encore sous l'emprise du totalitarisme (les pays d'Europe de l'Est de l'ex-URSS).

Pour le vérifier, Tomasz Grzyb et ses collègues ont formé un groupe de 80 volontaires parmi lesquels il y avait de jeunes Polonais qui n'avaient jamais vécu à l'époque du totalitarisme, et des personnes âgées de 60 à 69 ans, dont l'enfance et la jeunesse s'étaient passées à l'époque de la lutte contre le régime soviétique menée par le syndicat Solidarité et qui connaissaient bien le prix de l'insoumission.

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Pourtant, l'expérience a démontré qu'indépendamment de leur âge ces Polonais étaient tous prêts à administrer une décharge électrique maximale, tout comme leurs prédécesseurs américains ayant vécu à l'époque de la guerre froide. Au final, le taux de 90 % des personnes exécutant les ordres correspond, en gros, aux résultats obtenus par Stanley Milgram il y a 50 ans.

Signalons au passage que l'envie d'exécuter l'ordre diminuait de 9 ou 10 % si le rôle d'élève était joué par une jeune fille ou une femme. Les chercheurs ne sont pas encore en mesure d'expliquer ce phénomène car le nombre de volontaires était réduit.

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