Un procès hors-norme sur fond de guerre froide. Plus de quarante ans après les faits, Illitch Ramirez Sanchez, dit Carlos, est jugé pour l'attentat du drugstore Publicis à Paris, qui a tué 2 personnes et blessé 34 autres. L'affaire, ponctuée par deux non-lieux, est rouverte ce mois-ci après une longue bataille autour de la prescription, balayée par la « connexité » avec d'autres faits qui lui sont reprochés. En clair, les liens entre cette affaire et d'autres affaires encore sous le coup de procédures.
« Ce n'est pas une tribune politique. Il a parlé de ce qui se passait dans les relations diplomatiques, dans les coulisses, entre les États du monde. Et quand vous voyez que la CIA se mêlait, déjà à l'époque, de tout ce qui se passait dans le monde et a même réussi à travers le président des Etats-Unis à donner des ordres au président syrien, ce sont des choses que les gens ne savent pas », a déclaré Me Isaballe Coutant-Peyre, qui assure sa défense aux cotés de quatre autres avocats.
« J'attends que les juges respectent la loi, qu'ils constatent que finalement c'est prescrit, que les témoignages de l'époque, qui sont les seuls à vraiment dire quelque chose, montrent que le type qui a fait ça, ce n'est pas lui. » ajoute Me Isabelle Coutant-Peyre.
Face à une justice tardive, un accusé provocateur et déjà condamné par ailleurs, plusieurs victimes, désabusées, ont choisi de ne pas venir au procès. « Elles saluent bien évidemment le fait que la justice soit rendue et que le terrorisme ne reste pas impuni, simplement, les audiences arrivent tard et certaines victimes hésitent à se replonger dans ces années terribles, explique Guillaume Denoix de Saint Marc, président de l'Association des victimes françaises de terrorisme (AFVT), dans une interview à La Croix.
« Ça lui permet d'éclairer l'opinion publique sur une histoire tout à fait hors norme de la vie internationale. Les gens ne savaient pas ce qui se passe dans la vie politique à l'étranger. Et donc là, on a un peu de clés; les choses ne sont pas roses ou blanches, comme on le prétend, du côté de l'accusation. »
L'attentat du drugstore Publicis, boulevard Saint-Germain à Paris, le 15 septembre 1974, servait-il à faire pression sur les autorités françaises alors qu'une prise d'otage était en cours à l'ambassade française à La Haye? Carlos a-t-il reconnu avoir jeté la grenade dans une interview au magazine Al Watan Al-Arabi en 1979? L'audience devra le déterminer.