La tension monte entre Berlin et Ankara depuis que le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé la chancelière allemande Angela Merkel de mener « des actions de nazis » suite à l'annulation d'un meeting de la diaspora turque par les autorités de la commune allemande de Gaggenau (sud-ouest).
Pour Mme Merkel, ces accusations ne peuvent pas être expliquées par la préparation du référendum portant sur des changements dans la Constitution turque.
« Les comparaisons avec le nazisme me rendent triste car elles diminuent les crimes du national-socialisme qui ont terriblement fait souffrir les gens. De pareilles déclarations se disqualifient elles-mêmes », a fustigé la chancelière allemande lors d'une conférence à Berlin.
En même temps, les déclarations du président turc n'ont pas pu laisser de marbre les médias allemands.
Ainsi, la chaîne de télévision allemande n-tv qualifie les accusations de M. Erdogan de coup de com' bien réussi.
« Erdogan se la joue Turc fier qui ne permettra pas que Berlin le fasse taire. Le président de la Turquie n'a probablement jamais osé rêver à qu'il soit en mesure de réussir un tel coup de com' », a tranché n-tv.
Néanmoins, selon le quotidien Die Welt, cette déclaration est loin d'être publicitaire. Elle porterait plutôt un caractère pessimiste pour les relations diplomatiques turco-allemandes puisqu'elle signifierait une nouvelle escalade dans les débats portant sur les visites de membres du gouvernement turc en Allemagne.
« Avant le Turc aimait l'Allemagne et il était toujours triste de voir que son amour était à sens unique. Aujourd'hui, ce Turc se fiche de savoir si les Allemands l'aiment ou pas et c'est un très mauvais signe. Je reste très pessimiste au sujet des relations turco-allemandes pour les 30 années à venir », a écrit l'auteur de Die Welt.
Sur fond général d'indignation et de pressentiment de l'aggravation des relations entre Ankara et Berlin, le journal Weser-Kurier estime tout de même que les reproches faits par le chef d'État turc auraient pu comporter une pointe de vérité.
« Ses paroles, c'est une exubérance bien contrôlée […]. Elles ne font qu'empirer des relations turco-allemandes déjà suffisamment tendues et sont incapables de ne pas provoquer l'indignation. Cependant, les reproches qui blessent le plus sont ceux qui comportent une pointe de vérité. Le fait que les autorités allemandes interdisent des manifestations ne va pas avec l'Allemagne libre de nos jours », a expliqué Weser-Kurier.
Auparavant, le président du groupe CDU/CSU au Bundestag Volker Kauder a « rejeté en bloc » ces accusations d'Erdogan, les jugeant « incroyables et inacceptables ». En même temps, le secrétaire général de l'Union démocrate-chrétienne (CDU) Andreas Scheuer a qualifié la déclaration de Recep Tayyip Erdogan de « dérapage monstrueux du despote du Bosphore ».
Jeudi dernier, les autorités de Gaggenau (Bade-Wurtemberg) ont annulé l'intervention du ministre turc de la Justice Bekir Bozdag arrivé en Allemagne en prévision du référendum sur les amendements à la Constitution turque. Le ministre a annulé la rencontre avec son homologue allemand Heiko Maas et a quitté le pays en signe de protestation. Par la suite, le gouvernement néerlandais s'est opposé à la tenue à Rotterdam d'un meeting en soutien au référendum turc.
Les relations entre Berlin et Ankara se sont tendues suite à l'emprisonnement à Istanbul du correspondant turco-allemand du quotidien Die Welt Deniz Yucel, accusé d'incitation à la haine et de propagande terroriste.
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