Partir à l'aventure en Sibérie pour conquérir son mythique lac Baïkal n'est pas mission facile. Cependant, cela devient un vrai défi lorsqu'un s'agit d'une expédition dont les participants sont en situation de handicap à cause de problèmes de vue et d'ouïe.
Organisée par l'association Vue (d') Ensemble, ce raid en autonomie complète en ski de randonnée est un vrai défi relevé au cœur de l'hiver glacial de la Sibérie.
Pour Gérald Muller, l'organisateur de l'expédition, et lui-même aveugle, cette expédition est surtout un signe d'encouragement pour tous ceux qui se sentent exclus de la société et du milieu professionnel à cause de leur handicap.
« Le jeune aveugle refuse la canne blanche qui est le symbole du handicap et il finit par s'enfermer chez lui. Cette sédentarité entraîne un repli sur soi et mène à des conséquences psychologiques et physiques. Et je leur ai proposé [aux jeunes aveugles, ndlr] de sortir de leur zone de confort. Et ils ont eu à affronter un nouvel environnement, le froid et ils ont dû surmonter leur peur. À mon avis, c'est le meilleur médicament pour de nouveau accepter ce qui est souvent inacceptable, donc, la cécité », a confié à Sputnik M. Muller.
D'ailleurs, le choix du lieu du voyage n'est pas un hasard car même si cette région a la réputation d'être très rude, elle fait, malgré tout, rêver tout le monde, et encore plus les jeunes.
On pourrait, peut-être, penser que voyager n'est pas intéressant pour quelqu'un qui est dépourvu de la possibilité d'admirer les paysages. Pour M. Muller, à qui l'on pose souvent cette question, le voyage c'est surtout les rencontres.
« D'abord une chose, un aveugle voit toujours. On s'imagine des paysages. Mais le voyage, ce n'est pas uniquement les paysages. Les voyages, c'est les rencontres. C'est l'occasion d'aller vers l'autre. C'est important, comme les gens aveugles ne sortent pas de chez eux. […] C'est la thérapie », explique l'organisateur de cette expédition hors du commun.
En même temps, le président de l'association des malvoyants Vue (d') Ensemble, Yves Wansi, décrit plus précisément le concept de ce voyage qui consiste à mélanger les malvoyants, les non-voyants et les voyants ce qui pourrait, d'après l'avis des organisateurs, contribuer à une meilleure insertion professionnelle.
Parmi les membres de l'expédition se trouvait également Olivier Weber, écrivain, grand reporter et réalisateur qui avait pour but de ressembler un maximum d'images pour pouvoir tourner à leur retour en France un documentaire dont la diffusion est prévue avant la fin de l'année.
Selon M. Weber qui est impressionné par la beauté de cette région, c'est une très belle aventure humaine malgré des conditions de tournage extrêmement difficiles.
« La Sibérie est une région magnifique. Et c'est presqu'un film de cinéma, parce que les gens parlent par eux-mêmes, il y a un côté rêve, espoir qui s'est réalisé et c'est touchant, c'est émouvant. Il y a beaucoup d'espoir non seulement pour l'équipe ici, mais aussi pour les autres, ici, en Russie, en France et puis, pour le monde entier », avoue-t-il.
Défi Baikal est une expédition humaine et sensorielle, lancée par l'association Vue (d') Ensemble et prévue du 24 février au 7 mars 2017 en Sibérie. Son objectif le plus important, d'après M. Muller, consiste à changer le regard de l'ensemble des déficients visuels, des sourds et malentendants sur leurs capacités personnelles, et surtout celui du monde de l'entreprise sur les compétences potentielles des personnes en situation de handicap.
Cette expédition fera l'objet d'un documentaire qui sera présenté lors du festival français du film d'aventure « Le Grand Bivouac » à Albertville. Le film sera diffusé par plusieurs chaînes françaises.
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