De Robert Hue à Alain Minc, ces drôles de soutiens à Emmanuel Macron

© AFP 2024 Philippe LopezEmmanuel Macron
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Un ex-banquier de Rothschild avec un ex-leader communiste? Dans un communiqué, Robert Hue interpelle Emmanuel Macron qu’il considère être le seul capable d’atteindre le second tour et d’«empêcher le pire» face à Marine Le Pen et la «droite dure» de François Fillon. Dernière alliance contre nature en date?

Alors qu'à droite la candidature de François Fillon prend l'eau sous les attaques de la presse et de la justice, démultipliant les défections, du côté d'En Marche! l'heure semble au rassemblement ou plutôt à l'ouverture… très large. En effet, la campagne d'Emmanuel Macron semble prendre de la vitesse avec hier la présentation d'un programme, mais également — depuis une dizaine de jours — le ralliement à l'écurie Macron de petits et d'anciens candidats de tout horizon.

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François Bayrou n'est en effet pas la seule prise de guerre de l'ex-ministre de l'Économie. Mis à part le ralliement très médiatique — le 23 février — du président du MoDem, candidat depuis 2002 à toutes les élections présidentielles, la veille c'était François de Rugy, candidat écologiste à la primaire organisée par le Parti socialiste qui annonçait son rattachement à la campagne d'Emmanuel Macron — reniant au passage la charte selon laquelle les candidats de la primaire s'engageaient à soutenir le vainqueur.

Autre ralliement plus discret, celui de Sébastien Nadot, candidat du Mouvement des Progressistes (MdP). Faute de réunir le nombre nécessaire de parrainages, celui-ci annonçait lundi se retirer de la course à l'investiture suprême au profit d'Emmanuel Macron. Un candidat du MdP, qui pourrait d'ailleurs bientôt être rejoint par le fondateur de son parti, qui n'est autre que Robert Hue, l'ancien — et seul — Président du Parti communiste français (les autres étaient des « secrétaires généraux »), candidats aux élections présidentielles de 2002 et de 1995 où il était arrivé 5e, avec 8.64 % des suffrages.

Une alliance surprenante, comme celle entre le candidat Emmanuel Macron et le général 4 étoiles Bertrand Soubelet: ancien numéro trois de la Gendarmerie, poussé vers la porte après la parution de son livre « Tout ce qu'il ne faut pas dire » (Éd. Plon, 2016) dernière illustration de son franc-parler revendiqué. Il a cette semaine annoncé son ralliement à l'équipe macroniste et sera même candidat aux législatives, sous les couleurs d'« En Marche », à Issy-les-Moulineaux, ville où est installée la direction générale de la gendarmerie nationale.

Des alliances d'autant plus surprenantes que les sensibilités politiques, les motivations ou tout simplement les profils des différents intéressés semblent parfois contradictoires voir incompatibles.
On peut comprendre politiquement l'union Macron — Bayrou. Mais comment imaginer quelqu'un comme Robert Hue dans la même équipe que Bernard Mourad, proche de Patrick Drahi, soutenue par Bernard Tapie, Alain Minc et conduite par un ex-banquier de Rothschild et vice-versa… Mais visiblement, sous l'aile tutélaire et protectrice de St-Macron, cette cohabitation est possible.

Il faut dire que la plupart de ces personnes affichent des raisons fort différentes, François Bayrou aurait été séduit par le projet loi d'Emmanuel Macron sur la moralisation de la vie publique. Cela reste étonnant quand on se souvient qu'il soutenait Juppé, et qu'en septembre il n'hésitait pas à qualifier Emmanuel Macron d'« hologramme » au micro de Jean-Jacques Bourdin, pointant du doigt les « très grands intérêts, financiers et autres, qui ne se contentent plus d'avoir le pouvoir économique, ils veulent avoir le pouvoir politique », martelant que « ça ne marchera pas ».

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Un revirement qui avait fait réagir Valérie Boyer, porte-parole des Républicains, assenant que « c'est la deuxième fois que François Bayrou va voter François Hollande ». Car que dire de la « trahison » d'Emmanuel Macron à l'égard de François Hollande? Le Président de la République n'a-t-il pas lui-même songé à soutenir Emmanuel Macron — son ministre — plutôt que le vainqueur de la primaire socialiste — son parti — si on en croit les déclarations de l'avocat Dominique Villemot, un proche de François Hollande interviewé dans Le JDD à la mi-janvier?

Autre exemple, l'écologiste François de Rugy évoque la « cohérence » et met en avant l'augmentation du salaire net et la baisse du coût du travail par le transfert des cotisations vers la CSG, qu'il a lui-même plaidée. L'écologie, thème sur lequel Emmanuel Macron semble faire débat dans son entourage: fin janvier, lors de l'annonce de son soutien au candidat d'En Marche! l'ex-ministre de l'Environnement Corinne Lepage avait déclaré qu'il n'était « pas un écologiste ».

Bertrand Soubelet met quant à lui en avant l'absence de clivage gauche — droite chez Emmanuel Macron pour expliquer son ralliement. Pour Robert Hue, le candidat d'En Marche, « avec son projet progressiste » est le seul candidat à pouvoir atteindre le second tour « pour empêcher le pire », face à Marine Le Pen ou la « droite dure » de François Fillon, étant donné qu'aucun candidat de gauche ne lui paraît être en mesure d'être présent au second tour.

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En fait, ce qui est singulier dans le programme d'Emmanuel Macron, c'est cette dimension « Auberge espagnole »: chacun vient avec ses idées. Une élasticité où tout le monde s'y retrouve, du moins pense s'y retrouver dans un premier temps. Le moins qu'on puisse dire c'est que sur un plan marketing, c'est impeccable — pas seulement pour les électeurs — puisqu'on retrouve cette dimension « fourre-tout » dans son panel des soutiens.
Pour sa part, Florian Philippot résumait ainsi ce matin au micro de Sud Radio et Public Sénat « Macron, c'est la voiture-balai du système. »

Il faut dire que si Emmanuel Macron se vend comme un produit nouveau, « une vraie alternance », la cohorte qui l'accompagne donne une autre image: Bernard Kouchner, Daniel Cohn-Bendit, Pierre Bergé, Alain Minc, Jacques Attali, Bernard Tapie ou encore Bernard Henri Lévy, autant de personnalités connues depuis fort, fort longtemps…

N'est-ce pas tout simplement une course aux places? Le PS et Les Républicains sont à la fois en pleine refondaison — leurs militants et sympathisants ont montré leur envie de rompre avec la politique de consensus au profit de politiques, de caps, enfin assumées! — et en pleine décomposition électorale. Aucun n'étant le moins du monde assuré d'être présent au second tour, un certain nombre de caciques semble être tenté de voler au secours de la victoire annoncée de Macron. Vont-ils au-devant de grosses désillusions?

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