« Il est temps de dialoguer avec la Russie. La vocation de l'UE et la vocation de la Russie sont de vivre ensemble (…) parce que rien dans la vocation de l'UE et de la Russie ne devait les pousser à être l'une contre l'autre », déclarait-il en février 2015 sur TV-5 Monde.
Catégorique concernant la question ukrainienne, qui a poussé plusieurs hommes politiques à boycotter en 2015 la cérémonie du 70e anniversaire de la victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie à Moscou, l'ancien ministre de l'Éducation nationale a toutefois vivement critiqué l'absence de François Hollande à Moscou le jour de cette commémoration.
« La France aurait dû être là. Et si j'avais été dans cette responsabilité, c'est le choix que j'aurais fait. Pourquoi? Parce qu'on peut avoir des tensions, des affrontements, des dissensions, des opinions divergentes (…), mais cela n'efface pas l'histoire », avait estimé François Bayrou dans l'émission Tous politiques sur France Inter-France 3 — Le Parisien, cité par Le Point. Il était possible d'« exprimer d'une autre manière notre désaccord avec ce qui se passe en Ukraine ou ce qui s'est passé en Crimée », avait-il alors observé.
Depuis 2015, François Bayrou n'a cessé de revenir sur cette idée d'un dialogue, en affirmant à l'automne de la même année que la Russie était « sur le moyen et le long terme, le partenaire le plus indispensable de l'Union européenne » et un an plus tard, en 2016, qu'« il n'y a pas d'avenir pour l'Europe dans un affrontement avec la Russie. Et il n'y a pas d'avenir pour le monde dans un affrontement entre la Russie, les États-Unis et l'Europe. »
À la fin de l'année dernière, le président du MoDem a même appelé à conjuguer les efforts de la communauté internationale pour faire face à Daech, à côté de Moscou. « Pour lutter contre Daech, il faut un front international avec la Russie, mais pas derrière la Russie », a-t-il indiqué.
Pour lutter contre Daesh, il faut un front international avec la Russie, mais pas derrière la Russie. @itele pic.twitter.com/wNPafdrnP2
— François Bayrou (@bayrou) 22 декабря 2016 г.
Cette position semble avoir pourtant subitement changé tout récemment, en janvier 2017, lorsqu'à l'antenne d'Europe-1, François Bayrou a décidé qu'il fallait faire un distinguo entre la Russie et son président. « Je fais la distinction entre la Russie et l'administration Poutine. C'est pourquoi je plaide pour que dans de nombreux courants politiques français, on prenne de la distance non pas avec la Russie, avec qui il faut parler, mais avec monsieur Poutine et sa manière d'intervenir au-delà de ses frontières sur la politique du monde. »
Coïncidence ou non, mais à peu près un mois après cette déclaration, Emmanuel Macron qui a fait alors une percée remarquable dans les sondages, sur fond de l'Affaire Fillon, a soupçonné la Russie de manœuvrer contre lui et s'est dit victime d'« une campagne de dénigrement » menée par Sputnik et RT.
Il est pourtant à noter que jusqu'alors le candidat d'En Marche! était plutôt disposé à dialoguer avec le Kremlin. Ainsi, début 2016 il affirmait que la France souhaitait la levée des sanctions imposées à la Russie en été et prônait un dialogue « indépendant » et « européen » avec cette dernière.
Alors attaquer ou chercher à renouer le dialogue? Il semble que les relations avec le Kremlin ne fassent pas partie des sujets préférés de M. Macron. Il n'est pourtant pas à exclure que tout puisse changer à la lumière de la nouvelle alliance. M. Bayrou apportera-t-il donc du pragmatisme dans le programme de l'ancien ministre de l'Économie?
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