L'un des plus grands quotidiens d'Estonie, le Postimees, a qualifié la ministre de l'Éducation et de la Recherche du pays Mailis Reps de « victime de la propagande russe », suite à une interview accordée par cette dernière à Sputnik.
En fait, les journalistes de l'agence ont interviewé Mme Reps à deux reprises, en janvier et en février. Dans la première interview, la ministre déplore que les politiciens estoniens ne réservent que peu d'attention au problème de la xénophobie, et dans l'autre, elle estime que les écoles russes doivent élaborer elles-mêmes le programme d'étude de l'estonien. Les textes de ces deux interviews ont été publiés sur le site de Sputnik sans avoir suscité jusque-là de remarque de la part des autorités estoniennes.
Et voilà que Mme Reps affirme à présent n'avoir eu aucun contact avec Sputnik. Dans son commentaire pour le Postimees, elle a notamment déclaré que l'agence avait fait passer pour son interview celle que la ministre avait accordée à un autre média.
Pourtant, cette affirmation est formellement démentie par l'enregistrement vidéo de l'entretien de la ministre avec le correspondant de Sputnik. Sur celui-ci, on entend nettement le journaliste annoncer le nom de son média en s'adressant à Mme Reps.
Quant à la seconde interview portant sur l'enseignement scolaire, la ministre l'a également qualifiée de faux. Mme Reps prétend qu'un journaliste, un certain Maxim, lui a téléphoné en lui demandant de lui « envoyer des programmes d'études en estonien à l'école russe ». Pour se justifier, la ministre dit avoir pris ce journaliste pour un reporter du Premier canal balte.
De son côté, Sputnik indique que son journaliste a effectivement téléphoné à Mme Reps, mais son téléphone ne répondait pas. Plus tard, la ministre a téléphoné elle-même à la rédaction et s'est entretenue avec un collaborateur de l'agence qui s'est évidemment présenté, comme il se doit, au début de la conversation, dont l'enregistrement est aussi publié sur le site de Sputnik.
Il est peu probable, selon l'agence, que la ministre de l'Éducation et de la Recherche ne se rappelle pas où, quand, dans quelles circonstances et à qui elle accorde une interview. Il est aussi très étrange qu'après les publications de janvier sur le site de Sputnik, aucune protestation ni remarque critique n'ait été adressée à la rédaction de la part de Mme Reps ou de quelqu'un d'autre.
Pour ce qui est du Postimees, le journal a publié les propos de la ministre « distraite » sans demander de commentaire de l'autre partie, notamment de Sputnik.
Quoi qu'il en soit, l'agence souligne qu'un simple coup de téléphone à la rédaction aurait pu permettre d'éclaircir la situation grâce à tous les enregistrements des contacts de la ministre.
« Or, le quotidien a négligé la règle de l'objectivité. Nous estimons que cela est arrivé parce que sa publication n'avait pas pour objectif de donner une information authentique, mais de répandre des consignes propagandistes », relèvent les journalistes de Sputnik.
Et, selon l'agence, ces consignes propagandistes émanent de la police de sécurité estonienne. Comme l'a confié Mme Reps au Postimees, ce service spécial a bien recommandé aux fonctionnaires d'État de renoncer aux contacts avec les collaborateurs de Sputnik.
La ministre a reconnu être bien informée de ces « recommandations adressées aux fonctionnaires d'État et aux politiciens estoniens d'éviter tout contact avec le média propagandiste russe ».
Sputnik relève à cette occasion que les faits exposés remettent en cause la liberté d'expression en Estonie et l'authenticité de l'information fournie par certains médias dans ce pays.
La déclaration de la ministre estonienne a grandement surpris les journalistes de Sputnik.
« On ne peut que s'étonner du fait que des fonctionnaires de niveau aussi élevé soient contraints de mentir, en se présentant sous un jour très peu flatteur. La rédaction de Sputnik attend des excuses officielles de Mailis Reps », annonce le service de presse de l'agence.
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