S'il vous arrive parfois d'avoir un coup de cafard, ayez une petite pensée pour cette jeune fille afghane qui n'a ni jambes ni bras mais qui a réussi à trouver sa place dans la vie et à être heureuse en dépit de tout.
D'ailleurs, lorsque vous verrez le visage radieux de Robabah Mohammadi, vous n'en aurez plus aucun doute. Son sourire lumineux est la première chose qui attire votre attention lorsque vous entrez dans son modeste appartement qui fait également office d'atelier et de musée. Ses toiles sont partout, son talent, lui, est multifacette.
« Il n'y a que deux choses dans la vie qui sont impossibles à changer — la naissance et la mort. Tout le reste pourrait être changé. La guerre peut être stoppée et la paix préservée. Tout est entre les mains des gens », explique Robabah, enthousiasmée, à Sputnik. Puis elle saisit entre ses dents un crayon et se lance dans la réalisation de prochaine œuvre.
Depuis son enfance, Robabah Mohammadi rêve d'être comme tout le monde. Ses parents l'ont beaucoup aidée dans l'espoir qu'un jour leur fille guérisse. Ils ont amassé de l'argent et déménagé de la province afghane de Ġazni à Kaboul, la capitale. Cependant, le diagnostic des médecins s'est avéré peu consolant.
La jeune fille ne pouvait se déplacer qu'avec beaucoup d'effort. Elle regardait avec tristesse ses frères et sœurs qui allaient tous les jours à l'école.
« Je ne pouvais pas faire un pas hors de la maison. J'ignorais la couleur du ciel. Je souffrais de l'absence d'amis et de relations mais je continuais à me battre contre la réalité. En même temps, j'étais tout à fait consciente que je perdais cette bataille car j'étais incapable d'écrire mon prénom », se rappelle Robabah.
Les années passant, le fardeau de l'angoisse et de l'ennui se faisaient toujours plus lourd, mais un jour tout a changé. Un jour, alors que ses sœurs étaient encore à l'école, la jeune fille s'est ingéniée à ouvrir le placard pour y prendre des coloriages et des crayons.
Ayant serré le crayon entre ses dents, Robabah a essayé de colorier des images. C'est alors qu'elle s'est lancée dans la peinture, qui est devenu son passe-temps favori.
Ce n'est que six mois plus tard que les parents de la jeune fille ont réalisé son talent pour le dessin.
La famille Mohammadi a alors ouvert les portes de leur maison aux amis de Robabah ainsi qu'aux professeurs. Avec le temps, les acquis de la jeune fille se sont considérablement améliorés. Aujourd'hui, personne ne pourrait dire que ses toiles ne sont pas réalisées avec les mains.
Mlle Mohammadi a déjà fait plus de 80 tableaux dont la plupart sont consacrés aux douleurs et aux angoisses de la société afghane ainsi qu'à ses aspirations à la paix, la stabilité et la prospérité.
D'après la jeune peintre, sa toile la plus précieuse est celle qui représente un loup. Ce tableau est estimé à 800 dollars (753,70 euros) — soit 8 salaires moyens à Kaboul — mais Robabah n'est pas prête à s'en séparer.
« Lorsque je regarde dans les yeux de ce loup, je m'y reconnais. Cette toile parle de moi et je ne la vendrai pas », a expliqué Mlle Mohammadi.
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