Controversé. C'est bien le moindre qualificatif que l'on puisse appliquer au CETA, un traité qui a réuni contre lui 3,5 millions de signatures au bas d'une pétition européenne et qui, pour ne parler que de la France, fait l'unanimité plus ou moins franche de tous les candidats à la présidentielle… ou presque. Seul Emmanuel Macron est clairement en faveur de ce traité de libre-échange, estimant qu'il « améliore objectivement les choses dans notre relation commerciale avec le Canada ».
Au sein du parlement européen, les opposants sont connus de longue date. Les Verts, l'extrême-gauche, l'extrême-droite et certains socialistes sont contre. Mais la délégation Socialiste et Démocrate (S & D, le deuxième groupe du Parlement) a été particulièrement ébranlée par le CETA. Une partie, minoritaire certes, de ses membres s'y est opposée. Les autres, avec la droite du Parlement, constituent le cœur des parlementaires européens qui a soutenu l'accord avec le Canada.
Le candidat d'En Marche!, Emmanuel Macron s'est prononcé ouvertement en faveur du CETA, et c'est le seul parmi les candidats à la présidentielle à assumer cette position: « Nous avons souverainement décidé de transférer au niveau de l'Europe cette politique commerciale et je vous dis que c'est plus efficace pour notre souveraineté collective. »
Donc dans l'éventualité où l'un des ces deux candidats remportaient la présidentielle, le traité pourrait être ratifié sans trop de difficulté.
Même si Benoît Hamon est, lui, contre et estime que « l'on sacrifie nos libertés et notre environnement pour quelques hypothétiques points de croissance », Djordje Kuzmanovic, Secrétaire national du Parti de Gauche, est plutôt pessimiste quant aux issues de secours:
De toute façon, la question ne se posera pas. D'une certaine manière, on peut dire qu'il n'y a que Macron qui soit un tout petit peu franc sur cette question. Mais on ne peut pas croire un seul instant que Fillon irait contre le CETA, ni même malheureusement Benoît Hamon. On ne peut pas croire que ceux qui ont toujours défendu ces traités-là, qui ont toujours défendu l'Union européenne, et défendu des traités qui vont à l'opposé du vote populaire comme c'était le cas en 2005 avec le Traité de Lisbonne, s'opposent aujourd'hui au CETA. »
Ce qui est quand même surprenant, c'est que l'accord entre en vigueur. C'est un accord mixte, droit européen et droit national, qui entre en vigueur avec uniquement un vote du parlement européen. Sans aucune consultation des parlements nationaux, il va entrer en vigueur dès avril pour une durée de trois ans, sans que les parlements nationaux puissent être consultés. Pendant trois ans, on aura cette mise en concurrence là, des essais d'un traité duquel on n'est pas parti parce qu'on ne l'a pas signé pour le moment. C'est tout de même assez choquant pour la méthode démocratique qui est, à mon sens, largement bafouée dans ce cas-là.
Un scénario similaire au Parlement de la région francophone belge de Wallonie (sud de la Belgique) n'est pas exclu. Il exigeait une meilleure protection des services publics et des normes sociales et environnementales et sa résistance a permis d'arracher quelques concessions de dernière minute.