Milorad Dodik: chaque peuple doit avoir son propre pays

© AFP 2024 ELVIS BARUKCICMilorad Dodik
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Le président de l’entité serbe de Bosnie Milorad Dodik fustige le multiculturalisme imposé à la Bosnie-Herzégovine, alors qu’il a échoué en Europe.

Qualifiée souvent de Yougoslavie en miniature, la Bosnie-Herzégovine est appelée à prouver qu'il est possible de faire vivre en bonne intelligence et sous le même toit ces mêmes peuples qui n'avaient pas pu s'entendre en ex-Yougoslavie, a indiqué à Sputnik le président de la République serbe de Bosnie (Republika Srpska), Milorad Dodik.

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« Nous devons prouver que cela est possible, alors que ces mêmes principes d'une société multinationale craquent de tous les bords en Occident », a déclaré l'interlocuteur de l'agence, sanctionné par Washington pour s'être opposé, selon les États-Unis, aux accords de paix de Dayton.

Rappelons que les accords de Dayton avaient mis fin à la guerre civile entre les Croates, les Serbes et les Bosniaques entre 1992 et 1995.

Selon M. Dodik, on accuse la Republika Srpska d'avoir radicalement modifié les accords de Dayton, alors que c'est la communauté internationale elle-même qui est responsable.

« Nous ne faisons que protéger ce qui reste encore de ces accords. Aujourd'hui, seul le peuple serbe se trouve sous pression, mais cela ne peut pas durer à l'infini […]. Je respecte les frontières internationalement reconnues, mais j'insiste en même temps sur la nécessité de respecter les frontières des entités », a souligné le président de l'entité serbe de Bosnie, tout en faisant remarquer qu'il était tout à fait évident que la communauté internationale faisait preuve de bienveillance à l'égard de Pristina et était plus sévère à l'encontre de Belgrade.

Et d'ajouter qu'on ne saurait résoudre tous les problèmes nationaux dans les Balkans en laissant les Serbes éparpillés dans plusieurs États et en imposant dans chacun de ces pays des décisions antiserbes.

« Les Serbes ne menacent pas la paix dans la région, mais ils ont tout de même le droit légitime de formuler leurs revendications […]. Hypothétiquement, la meilleure solution pour garantir une stabilité durable dans les Balkans serait, selon moi, la création d'États à majorité écrasante de Bosniaques, de Serbes, de Croates ou d'Albanais, afin que chaque peuple puisse vivre dans son propre État », a expliqué l'interlocuteur de Sputnik.

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Il a rappelé que l'idée du multiculturalisme s'était avérée un échec total.

« Cela n'a pas été dit par moi, mais par Merkel, Cameron et beaucoup d'autres. Les structures et les États multinationaux sont en crise […]. Mais quand vous le dites, on vous traite de nationaliste et de populiste. Alors que le monde change, dans cette partie de l'Europe qui a été il y a 30 ans le reflet de l'Occident optimiste, aucun des principes autrefois imposés de force n'est remis en doute », a regretté M. Dodik.

Quant aux sanctions décrétées contre lui par le département d'État américain, Milorad Dodik les a qualifiées de récidive du passé, en estimant qu'elles ne resteraient pas longtemps en vigueur.

« J'ai entendu plusieurs fois Trump dire que les États-Unis n'allaient pas s'ingérer dans les affaires d'autres pays. Il va sans dire que les grandes puissances ne changent pas rapidement de politique, mais une atmosphère propice au dialogue est créée à présent, et c'est un signal positif », a conclu l'interlocuteur de l'agence.

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Lors de cet entretien de Sputnik avec le président de l'entité serbe de Bosnie, il a été question de la demande de révision du verdict de la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute instance judiciaire des Nations unies, qui avait statué que la Serbie n'avait pas commis de génocide en Bosnie-Herzégovine. Ainsi, selon le verdict, la Serbie ne s'était pas rendue « complice » de génocide. Le délai du dépôt de cette demande par Sarajevo expire fin février. Selon M. Dodik, cette initiative n'a aucune chance d'aboutir, car elle n'émane pas de la direction collégiale du pays, mais uniquement du représentant bosniaque au sein de cette direction, Bakir Izetbegovic.

Le génocide est le crime le plus grave reconnu par le droit international, mais aussi le plus difficile à prouver.

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