Rien de nouveau dans ces allégations, mais pourquoi donc l'équipe d'« En Marche! », s'en empare-t-elle, à l'instar de son porte-parole, Benjamin Griveaux, qui dénonce « une stratégie du Kremlin »:
« Ce qui est inquiétant en vérité, c'est qu'à la fois des mensonges, des propos à caractère parfaitement diffamatoires, soient repris par un média russe, en l'occurrence ce site, Sputnik, dont on sait qu'il est la propriété du gouvernement russe et de l'État russe et qu'il vient s'ingérer dans l'élection présidentielle française. On a vu ce type de chose se produire aux États-Unis pendant la dernière élection entre Donald Trump et Hillary Clinton, on a vu ce type de comportement se faire sur le débat sur le Brexit en Grande-Bretagne. Il n'est pas souhaitable qu'en France on ait une pollution par des médias détenus par des États étrangers de l'élection présidentielle. »
Voilà donc le mouvement d'Emmanuel Macron qui emboîte le pas aux médias mainstream dans la dénonciation de l'omniprésente Main du Kremlin. L'équipe du candidat donne ainsi foi à des rumeurs et des éléments de langage au sujet desquels on attend toujours le moindre élément de preuve.
« On a vu ce type de comportement se faire sur le débat sur le Brexit en Grande-Bretagne », affirme Benjamin Griveaux? Si l'on s'appuie sur les seuls éléments tangibles à notre disposition, nous constaterons simplement que la Russie a « poussé » les Britanniques à voter pour la sortie de l'UE, par cette seule déclaration de son président:
De son côté, Barack Obama avait été plus explicite sur le sujet du Brexit et sur ce que les Britanniques devaient en penser, lors de sa visite à Londres le 22 avril dernier:
« L'Union européenne ne réduit pas le pouvoir du Royaume-Uni, elle le magnifie », insistant même: « En tant qu'ami, laissez-moi vous dire que l'Union européenne rend le Royaume-Uni encore plus fort. », avouant ingénument qu'« il se trouve que c'est dans l'intérêt des États-Unis. »
Et au cas où les Anglais ne mangeaient pas la carotte, il restait au président américain à leur présenter le bâton. Évoquant de possibles accords de libre-échange entre la Grande-Bretagne et les États-Unis, Obama expliquait que
« Peut-être qu'un jour lointain un accord entre les États-Unis et le Royaume-Uni existera, mais ça ne sera pas prochainement., la priorité de Washington étant de réussir la signature du TTIP, "le Royaume-Uni se retrouverait à l'arrière de la queue [pour des négociations]".
Et donc est-ce la Russie qui a tenté d'influencer le vote des Anglais sur le Brexit? Le porte-parole d'En Marche! estime aussi que son mouvement est la cible de Moscou depuis que Sputnik a publié un article dans lequel Julian Assange affirmait posséder des "informations intéressantes" sur Macron, et un autre qui relayait les déclarations critiques vis-à-vis d'Emmanuel Macron du député LR Nicolas Dhuicq. Deux acteurs indépendants, dont les propos sont relayés par un média russe, il n'en faut pas plus pour y voir La Main Du Kremlin!
Même les réseaux sociaux ne sont pas épargnés. Ainsi, récemment, le favori de la droite s'est-il retrouvé au cœur d'une campagne #StopChasseàLHomme sur Twitter, qui, prétendument lancée en son soutien, s'est retournée contre lui alors qu'un grand nombre de ses "partisans" — bots avait été détectés. Une campagne qui a eu un impact négatif sur les intentions de vote et a poussé à réfléchir au véritable objectif de cette démarche, ainsi qu'à ceux qui pouvaient en profiter.
Un paysage médiatique qui finirait presque par ressembler à celui de la campagne présidentielle américaine, celle que la Russie aurait aussi éhontément manipulée à coups de piratages informatiques, si l'on en croit Benjamin Griveaux. À l'appui de sa thèse… pas grand-chose de concret, une fois de plus, les autorités américaines elles-mêmes ayant fini par reconnaître qu'elles n'avaient vu aucune trace desdits hackings. Les mails du parti Démocrate ont été obtenus par une source au sein même de ce parti et non par un quelconque pirate russe.
Quant à WikiLeaks, qui a révélé plusieurs affaires gênantes pour Hillary Clinton, personne ne conteste l'authenticité de ses révélations, préférant spéculer sur ses orientations politiques. Les médias russes auraient-ils dû taire par exemple les dons que la Fondation Clinton avait reçus du Qatar?
Il est vrai que les 194 médias américains sur 200 qui ont apporté un soutien plus ou moins franc à la candidate Démocrate évitaient le sujet.
CNN, le New York Times, le Washington Post, tous vantaient les qualités de Mme Clinton et évitaient de parler des sujets qui fâchent. Le New Yorker a directement affirmé soutenir Hillary Clinton et The Economist l'a qualifiée de "meilleur espoir de l'Amérique".
Mais les médias mainstream ont un alibi en béton. Dans leur langage, cela s'appelle "faire du journalisme", tandis que toute tentative de sortir du chemin tracé est qualifié de "propagande".
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