"Cette étude montre comment des phénomènes complètement inattendus peuvent être découverts grâce aux méthodes théoriques et expérimentales les plus modernes. Notre travail illustre une fois de plus à quel point nous en savons peu aujourd'hui sur l'impact des conditions extrêmes sur la chimie, et le rôle de tels phénomènes à l'intérieur des planètes reste encore à expliquer", déclare Artem Oganov, professeur à Skolkovo et à l'Institut de physique et de technique de Moscou.
Le trait distinctif de l'hélium et d'autres éléments du 8e groupe du tableau périodique des éléments de Mendeleïev, que les chercheurs appellent les "gaz nobles", est qu'ils sont très réticents — voire incapables dans le cas du néon — d'entrer en réaction chimique.
Artem Oganov et son équipe se sont demandé si des composés d'hélium pouvaient exister dans des conditions exotiques auxquelles les chimistes songent très rarement — dans des températures et des pressions extrêmement élevées. Oganov et ses collègues étudient depuis longtemps une telle chimie "exotique" et ont même mis au point un algorithme spécial pour retrouver des matières qui existent dans de telles conditions. Ils ont ainsi découvert que dans les profondeurs des géantes gazeuses et d'autres planètes, il existe un acide orthocarbonique exotique, des versions "impossibles" du sel ordinaire, ainsi que d'autres composés qui bafouent les lois de la chimie classique.
En utilisant ce même système (USPEX) une équipe de chercheurs russes et étrangers ont découvert que sous une pression 150 000 fois et 1 million de fois supérieure, il existait deux composés stables d'hélium: l'oxyhélide de sodium et l'hélide de sodium. Le premier composé contient deux atomes de sodium et un atome d'hélium, le second des atomes d'oxygène, d'hélium et deux atomes de sodium.
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