Bien des preuves dans le dossier sur les troubles à Odessa le 2 mai 2014 ont disparu sans laisser de traces, a reconnu Dmitri Golovine, chef de la principale direction de la Police nationale d'Ukraine pour la région d'Odessa, ajoutant que les enquêteurs devaient encore tout étudier minutieusement afin d'éviter les erreurs.
« Le déroulement de l'enquête se trouve sous mon contrôle personnel (…). Force est de constater que bon nombre de preuves avaient déjà été perdues en 2014 quand l'instruction était menée par des collaborateurs de l'Intérieur venus d'autres régions du pays. Quoi qu'il en soit, nos enquêteurs s'appliquent à réunir toutes les pièces à conviction et tous les documents qui restent », a déclaré M. Golovine à l'agence Ukrinform.
Le responsable a toutefois refusé de parler même des résultats provisoires, ainsi que des perspectives de l'enquête dans son ensemble de crainte que de telles fuites ne soient exploitées par « différentes forces tant en Ukraine qu'à l'étranger » pour toutes sortes de spéculations. Il a rappelé que l'examen du dossier des troubles sur la place Grecque, dont l'enquête avait été bouclée trop rapidement, progressait très mal au tribunal.
« Nous sommes persuadés qu'on ne doit pas précipiter l'enquête au détriment de la qualité. C'est une condition sine qua non pour obtenir les résultats objectifs concernant les épisodes clés de cette affaire retentissante », a souligné l'interlocuteur de l'agence.
Le 2 mai 2014, 48 membres et partisans du mouvement Antimaїdan ont trouvé la mort dans un incendie criminel après s'être réfugiés dans la Maison des Syndicats après leur confrontation avec les manifestants pro-européens. 42 personnes sont mortes d'asphyxie au monoxyde de carbone ou en sautant du bâtiment en flammes, alors que six autres ont été tuées lors des affrontements. Plus de 250 personnes ont été blessées. Le fantôme de cette tragédie hante toujours Odessa.
Toujours est-il que les résultats sur le dossier du massacre à Odessa tardent à venir. L'Onu a exprimé en juillet 2016 sa vive préoccupation par le fait que l'enquête sur cette tragédie « se trouvait influencée par les faiblesses institutionnelles et se caractérisait par des violations de procédure qui attestaient clairement de l'absence de volonté réelle d'enquêter et de poursuivre les responsables ».
Selon les rapporteurs onusiens, les enquêteurs subissent des pressions politiques directes et indirectes qui se traduisent par des démarches volontaires visant à empêcher et à ralentir le cours de l'enquête. Kiev a déjà été critiqué à maintes reprises pour avoir freiné l'enquête sur les événements à Odessa. L'ONG Human Rights Watch a notamment signalé l'absence de progrès dans l'enquête, alors que les experts du Conseil de l'Europe ont critiqué les services ukrainiens d'application de la loi.
Les auditions judiciaires sur le massacre d'Odessa se poursuivent depuis novembre 2014, mais les réunions du tribunal ont été reportées à maintes reprises pour différentes raisons.
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