Cachez-moi cette guerre que je ne saurais voir! Cela fait deux ans que le Yémen est en proie à un conflit complexe, et sa résolution semble loin tant les tentatives de pourparlers et demandes de cessation des hostilités ont échoué. Le conflit oppose les rebelles Houthis à la coalition internationale, composée de huit pays et dirigée par l'Arabie Saoudite. Mais ce sont surtout les populations qui paient un lourd tribut: près de la moitié des 10 000 morts sont des civils. Selon l'Onu, on compte 40 000 blessés et plus de deux millions et demi de déplacés.
« Ce n'est pas tard pour informer. Les rapports, du moins pour les personnes qui s'intéressent à la situation au Yémen, savent depuis longtemps que la situation humanitaire est de plus en plus dramatique. Mais là, après deux ans de bombardements, deux ans de conflits, la situation va devenir absolument catastrophique pour ces 20 millions de personnes. »
Avant le conflit, le Yémen avait le taux de malnutrition le plus fort au monde, selon le Programme alimentaire mondial. Une situation aggravée par le pilonnage intensif des infrastructures vitales. C'est un aveu d'échec pour Stephen O'Brien, qui poursuit: « Toutes les parties en conflit ont échoué à prendre les mesures nécessaires pour épargner les civils et les infrastructures civiles », les « deux tiers des dommages causés aux infrastructures résultent de frappes aériennes ». Le pays, qui dépendait déjà à 90 % d'importations extérieurs pour survivre, est à l'agonie, faute de routes, d'hôpitaux, d'usines, de ports pour acheminer nourriture et médicaments ou transporter et soigner les blessés.
« Ça fait deux ans que l'Arabie saoudite a décidé de bombarder le Yémen. Parce qu'elle considère ce pays du sud de la péninsule comme un peu son pré-carré. »
« La politique française à l'égard de l'Arabie saoudite est certes très spécifique, mais en ce qui concerne le commerce des armes, la France n'est certainement pas le premier fournisseur. Je pense que les rapports faits par le Congressional Research Service indiquent parfaitement ce que les États-Unis ont vendu à l'Arabie saoudite depuis deux ans, et toute la polémique qui se déroule actuellement en Grande-Bretagne montre exactement aussi ce que la Grande-Bretagne a vendu. Tout le monde est parfaitement informé. C'est au gouvernements respectifs de prendre leur opinion publique. »