Le «Nous y arriverons» de Merkel coulera-t-il l’Europe?

© REUTERS / Fabrizio BenschLa chancelière allemande Angela Merkel
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Le problème de la sécurité intérieure et de l’opacité des enquêtes policières font étrange ménage en Allemagne. L’afflux des migrants augmente considérablement le taux de natalité en Europe, mais cela en vaut-il réellement le prix? Une fois cette boîte de Pandore ouverte, jusqu’où pourrait-elle mener le Vieux Continent?

En fait, un prix spécial pourrait être décerné aux autorités allemandes pour un savoir-faire unique : celui de censurer les images des criminels ayant « une apparence arabe » ou ne pas les rendre publiques du tout, pour ensuite aboutir à une impasse dans l'enquête et (finalement !) publier des séquences et des photos histoire de permettre aux témoins de l'attaque de reconnaître leurs agresseurs. Ce qu'ils feront sans doute avec une précision relative, si l'on tient compte du fait que six bons mois se sont écoulés depuis l'attaque.

Malgré le fait que la police n'indique pas dans la description des suspects qu'il s'agit de migrants, on mentionne tout de même que ce sont des « hommes d'apparence arabe ». Pourquoi ne pas écrire « possiblement des migrants » et appeler les choses par leur nom ? Comme l'explique le Daily Mail, les autorités allemandes censurent les images et utilisent des euphémismes pour ne pas inciter à « la haine raciale ».

Apparemment, le problème des réfugiés est loin d'être résolu en Allemagne, et les chiffres à ce sujet sont éloquents. Dans la nuit du 1er janvier 2017, 23 victimes d'abus sexuels ont été rapportées à Berlin. Parmi les quatre auteurs présumés arrêtés jusqu'à présent figurent trois migrants, soit deux ressortissants pakistanais et un Iranien.

© REUTERS / Axel SchmidtDes migrants à Berlin
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Des migrants à Berlin

Un autre exemple, encore plus sordide : en octobre dernier, dans une piscine municipale de Berlin, sept jeune migrants, tous âgés de moins de 15 ans, ont encerclé des jeunes filles pour systématiquement abuser d'elles sexuellement.

Pour faire un point plus complet, rappelons aussi les agressions sexuelles qui ont eu lieu à Cologne dans la nuit de la Saint-Sylvestre, en 2016. Alors que les témoins ont décrit des suspects « d'apparence arabe ou nord-africaine », selon la police, le ministre de la Justice a mis en garde contre toute « instrumentalisation » de l'affaire dans le cadre plus large du débat sur l'afflux de migrants en Allemagne. L'apparence des agresseurs « ne doit pas conduire à faire peser une suspicion générale sur les réfugiés qui, indépendamment de leur origine, viennent chercher une protection chez nous », avait renchéri le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière.

© AP Photo / Markus SchreiberDes migrants en Allemagne
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Des migrants en Allemagne

Des agressions et des attaques comme celles énumérées ici se produisent régulièrement non seulement en Allemagne, mais dans toute l'Europe. Mais comment tout cela s'est-il développé dans la crise migratoire la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale, comme l'a déjà indiqué la Commission européenne ?

Alors que, pour des raisons économiques ou de politique intérieure, les pays traditionnels d'accueil — Royaume-Uni, France, Pays-Bas et Belgique — adoptaient une politique plus restrictive à l'égard des immigrés, l'Allemagne, considérée comme le moteur de l'Europe, devenait de son côté la destination préférée de remplacement.

En outre, avec l'intensification de la guerre en Syrie, l'afflux des réfugiés a dramatiquement augmenté, obligeant les autorités allemandes à répondre à la question suivante: fallait-il imposer l'application du règlement européen et fermer les frontières allemandes ou, au contraire, accueillir les réfugiés ? Mme Merkel a choisi le slogan « Nous y arriverons » et a ouvert la boîte de Pandore.

Après un tel geste d'hospitalité, l'Europe s'est mise à compter entièrement sur l'Allemagne dans le règlement de la crise migratoire, malgré les appels timides de la chancelière à respecter les accords migratoires.

© REUTERS / Fabrizio BenschUn centre d'accueil des réfugiés à Berlin
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Un centre d'accueil des réfugiés à Berlin

Depuis l'attentat de Berlin de décembre 2016, les critiques se sont multipliées à l'égard de la politique migratoire conduite par Angela Merkel, dont la cote de popularité semble d'ailleurs en avoir pâti. Alors qu'elle semble avoir de plus en plus de mal à rassembler son propre camp, l'émergence d'une nouvelle forme de radicalité pourrait encore davantage la fragiliser, elle qui briguera un quatrième mandat en 2017.

On serait donc en droit de demander à Mme Merkel si elle croit toujours que l'Allemagne « y arrivera ». Protéger l'épiderme des migrants en dissimulant les images et les vidéos des suspects, vaudrait-il la peine de crimes non résolus depuis des mois ? Le fait que la violence domestique sévisse particulièrement chez les migrants en Allemagne est-il normal ?

À tout le moins, Berlin peut être fier de sa politique de portes ouvertes pour une raison : en 2016, l'afflux de migrants a boosté le taux de natalité et stoppé le recul de la fécondité en Allemagne. Une première depuis 30 ans.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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