L'administration sortante de Barack Obama redoute que Donald Trump revoie de nombreux aspects de la politique étrangère américaine, notamment sur la question ukrainienne. Alors qu'il était encore candidat à la présidence, le républicain affirmait que l'Ukraine "ne faisait pas partie de la sphère des intérêts nationaux des États-Unis" — ce qui inquiétait énormément le public démocrate. Aujourd'hui, les démocrates craignent que le président élu propose à Moscou un accord sur l'Ukraine et promettent un soutien médiatique à Kiev, dont la plupart des élites sont mal à l'aise depuis la victoire du milliardaire à l'élection du 8 novembre.
Anders Aslund, chercheur de l'Atlantic Council à Washington, estime que Donald Trump représente une menace pour l'Ukraine:
"Trump est très dangereux pour Kiev et les craintes des représentants politiques ukrainiens à son sujet son tout à fait justifiées. Leurs espoirs reposent sur le Congrès, qui les soutient totalement. La diaspora ukrainienne aux États-Unis compte près de 3 millions de personnes, notamment dans des États importants du Midwest. Qui plus est, la politique ukrainienne de Trump serait susceptible de provoquer un conflit sérieux au sein de son administration".
Selon l'expert, le nouveau président américain pourrait bientôt rencontrer le leader russe pour lui offrir un "deal ukrainien".
"A mon avis, il est évident que Donald Trump tentera de proposer un accord sur l'Ukraine à Vladimir Poutine malgré la position du Congrès. Le président américain veut rencontrer son homologue russe le plus rapidement possible, et les sujets qui figureront à l'ordre du jour de leur entretien sont très importants. La liste des questions-clés comprendra sans doute la Syrie, le terrorisme islamiste et l'Ukraine", conclut Anders Aslund.
De nombreux analystes et experts américains estiment que Donald Trump pourrait s'entendre avec le leader russe et régler la question ukrainienne — perspective qui est loin de ravir les démocrates car cela pourrait clore le "projet ukrainien" inspiré par l'administration sortante pour contenir la Russie. Ces craintes tourmentent non seulement les démocrates mais aussi une partie des républicains qui ne soutiennent pas les projets du président élu en politique étrangère. Beaucoup de ces derniers veulent imposer au leader américain une lutte au moins dans l'espace médiatique, en comptant sur le Congrès et l'opposition au sein de la nouvelle administration.
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