Syrie: et si la Russie n'était pas intervenue?

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Que seraient devenus le Moyen-Orient et d'autres pays liés au dossier syrien si la Russie n'était pas venue en aide au gouvernement de Bachar al-Assad fin 2015?

Voici plusieurs hypothèses d'évolution de la crise syrienne pour les grandes puissances et les pays voisins du conflit. A l'échelle de la Russie, la géographie de la guerre syrienne ne s'étend que sur quelques centaines de kilomètres mais, à quelques kilomètres de l'incendie, les voisins et les pays situés à une distance dangereuse auraient pu connaître bien des désagréments.

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Peu de ces voisins ont analysé les conséquences éventuelles de la "chute de Damas" et de l'"avènement de Daech" — sinon ils ne jetteraient pas d'huile sur le feu. Le "califat" n'est pas un slogan. En 2015 il représentait la force, l'argent et il était "couvert" par ses sponsors et inspirateurs.

Revenons donc fin 2015. Imaginons que les forces de Daech, épaulées par le Front al-Nosra et les islamistes de tous les recoins de l'Europe jusqu'au Moyen-Orient, aient pris d'assaut Damas. L'avez-vous imaginé? Avez-vous senti un frisson en visualisant la situation?

Maintenant, imaginez l'éventuelle réaction susitée en Israël, en Jordanie, en Turquie, au Liban, en Irak, en Arabie saoudite, aux États-Unis, en Russie, en France… Analysons les conséquences pour chacun de ces pays en particulier.

Israël, qui semblait vouloir que son ennemi le gouvernement syrien d'Assad s'affaiblisse, apercevrait soudainement l'apparition près de ses frontières d'un califat avec toutes les conséquences négatives que cela impliquerait pour l'État hébreu — le tout sans aucune "zone tampon".

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La Jordanie se retrouverait dans une situation difficile à cause de sa solidarité avec la position des USA opposés à Assad — qui n'existerait plus. La directive "Assad doit partir" formulée en 2009 par le président américain Barack Obama serait accomplie mais personne à Washington n'aura encore songé au sort du royaume face à la montée en puissance du califat.

La Turquie compte, premièrement, sur une éventuelle acquisition de nouveaux territoires au nord de la Syrie, deuxièmement sur la pacification des Kurdes dans cette région frontalière, troisièmement sur le renforcement de son influence sur le territoire de l'ancien Empire ottoman. Le soutien actif des terroristes anti-Assad était perçu comme une garantie qu'il était possible de "régler tous ces problèmes par leur intermédiaire". La tentative de coup d'État de l'été 2016 a poussé les autorités du pays à revoir cette politique. Mais quelle était l'envie de parvenir à ses fins en 2015!

Le Liban se retrouverait avec l'armée du califat en tant que voisin, qui était combattue assez efficacement par le Hezbollah libanais. Avec un scénario aussi négatif le franchissement de la frontière par des groupes islamistes scandant "le Liban fait partie du califat" serait assuré. D'autant que la traduction exacte de Daech est "État islamique en Irak et au Levant", or le Levant inclut la Syrie et le Liban.

Daech étant apparue en Irak, sa victoire sur Assad conduirait directement à un demi-tour vers l'est pour prendre Bagdad après Damas. Pour ainsi dire, un "retour aux sources". On s'imagine facilement le chaos régnerait alors en Irak.

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L'Arabie saoudite se frottait les mains, au début, car l'argent dépensé pour Daech n'aurait pas été "gaspillé". Sauf que le royaume n'obtiendrait pas de dividendes particuliers d'une victoire des islamistes sur Damas. Au contraire. Le commandement de Daech a déjà tenu plusieurs déclarations belliqueuses selon lesquelles "la famille saoudienne n'a pas le droit de contrôler les villes saintes pour les musulmans, La Mecque et Médine". Et la marche de Daech contre Riyad serait encore plus évidente que la guerre de Daech contre Israël.

Les États-Unis, eux, se réjouiraient discrètement: le plan de déstabilisation du Moyen-Orient aurait fonctionné! Et pendant que tout le monde s'entretuerait, l'Amérique recevrait dans ses banques des centaines de milliards de dollars des Arabes effrayés. Précisément ce qu'il fallait démontrer. Le chaos pour toujours!

Pour Moscou; la chute de Damas et la victoire de Daech signifierait le début d'une "guerre par procuration" contre la Russie. D'autant qu'à proximité de ce point chaud se trouve l'Asie centrale et l'Afghanistan, où Daech s'est implanté assez profondément.

Ainsi, en 2015, il aurait été clair que la flamme de l'incendie syrien allait enflammer la zone des intérêts vitaux de la Russie.

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Paris? Comme toujours Paris serait joyeux et insouciant. Hitler a conquis la France en quatre semaines mais les islamistes pourraient avoir un peu plus de mal — après tout ce n'est pas la Wehrmacht. Toutefois le sort des "Parisiens insouciants", dont le gouvernement politique perçoit la Syrie comme son fief postcolonial, serait prédéterminé. Mais pourquoi "serait"? Il l'est déjà — même en dehors du cadre du scénario que nous imaginons présentement. Ou ne l'avez-vous pas encore vu dans les rues de Paris?

Voilà à quoi ressemble le scénario qui se serait déroulé si la Russie n'avait pas lancé son opération militaire en Syrie fin 2015.

D'ailleurs, tous les pays mentionnés ont commencé à revoir ces derniers mois leur politique vis-à-vis de Moscou pour se rapprocher d'une coopération — aussi bien les représentants politiques actuellement en place que ceux qui vont les remplacer. La fermeté de l'armée russe en Syrie a dressé une barrière face aux scénarios que nous venons d'évoquer.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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