Mme Inada a dévoilé ses intentions aujourd'hui lors d'une conférence de presse donnée à Tokyo à l'issue d'une réunion du gouvernement.
Elle a précisé que le ministère de la Défense n'avait pas de plans concrets de déploiement des THAAD, avant d'ajouter que la mise en service de missiles de ce genre pourrait renforcer le potentiel antimissile du Japon. La ministre a souligné que les moyens de renforcer la défense antimissile nationale étaient soigneusement étudiés, étant donné le développement des programmes nucléaires et balistiques de la Corée du Nord qui représentaient un « niveau de menace inédit ».
La Corée du Sud a déjà installé sur son sol des systèmes de missile THAAD américains. Ces systèmes pourraient également apparaître au Japon.
L'expert de l'Institut de l'Extrême-Orient Valeri Kistanov n'exclut pas que Washington puisse exercer une pression sur Tokyo, tout comme il l'a fait à l'égard de Séoul.
« Les États-Unis sont intéressés à déployer en Extrême-Orient leurs missiles THAAD dernier cri en tant que maillon d'un système ABM global. Ce système est dirigé au premier chef contre la Russie. En Europe, ces éléments sont installés en Roumanie et en Pologne. En Extrême-Orient, les États-Unis ont deux alliés : la Corée du Sud et le Japon. Au plan stratégique, le système THAAD vise à contenir les forces nucléaires russes. Mais il vise aussi à contenir le potentiel nucléaire croissant de la Chine. D'autant plus que le Japon considère la Chine comme la menace militaire principale à sa sécurité nationale. Les États-Unis, tout comme le Japon, sont intéressés à contenir la Chine en Asie-Pacifique. C'était la stratégie de Barack Obama. Cependant, à en juger d'après les premières démarches de la nouvelle administration, Donald Trump n'a pas l'intention de renoncer à cette politique. Même s'il déclare que les alliées des États-Unis, le Japon et la Corée du Sud, doivent assurer eux-mêmes leur sécurité », estime l'expert.
Le Japon dispose déjà d'un potentiel suffisant pour contrer toute menace balistique de la part de la Corée du Nord. Ce sont des systèmes de missiles sol-air Patriot PAC-3, ainsi que des navires de guerre dotés du système Aegis. Le système THAAD est destiné à intercepter des missiles balistiques dans leur phase de vol hors atmosphère et durant leur redescente dans l'atmosphère. Il est d'une plus longue portée que les systèmes en service au Japon.
L'expert militaire Vladimir Evseev estime cependant que le Pentagone exagère les avantages des THAAD.
« Je ne me hâterais pas de déployer ce système dont l'efficacité est inférieure à ce que les Américains racontent. Surtout compte tenu du mode d'emploi des missiles dans le combat réel. Il ne faut pas provoquer les représailles d'un autre État. Il est évident que la Chine répondra par l'accroissement du nombre de ses missiles au déploiement du système THAAD au Japon, dont l'intention est d'intercepter les missiles balistiques chinois de moyenne portée. Cela conduira à l'exacerbation des tensions nippo-chinoises et portera atteinte à la sécurité en Asie du Nord-Est. Je ne pense pas que la sécurité du Japon en sortira renforcée », signale M. Evseev.
« Il va de soi que le déploiement du système THAAD sur le territoire du Japon renforcera dans une grande mesure le système ABM global des États-Unis. Le Japon a déjà construit son propre système ABM bien que sa densité soit insuffisante. Le déploiement des THAAD au Japon pourrait intensifier les capacités du pays en la matière. En outre, cette démarche exercera une forte influence sur la Corée du Sud. La Chine s'oppose au déploiement des THAAD en Corée du Sud pour des raisons de sécurité nationale. Le problème est à la base des bonnes relations entre la Chine et la Corée du Sud. La Chine espère également que sur ce point, la Corée du Sud ne permettra pas aux États-Unis de la mener par le bout du nez », a déclaré l'expert chinois dans un entretien à Sputnik.
Zhou Yongsheng signale cependant que le niveau de l'amitié sino-japonaise est largement supérieur à celui des relations entre Pékin et Séoul. Mais la Chine ne peut pas arrêter le Japon quant au déploiement des missiles. Cette question ne peut même pas servir d'objet de consultations entre les deux pays. La Chine pourrait seulement prendre des mesures stratégiques concrètes contre ce système.
« De ce point de vue, le comportement du Japon pourrait exercer une influence indirecte sur la Corée du Sud, poussant cette dernière à une confrontation avec la Chine en ce qui concerne le problème des THAAD. Cette manœuvre du Japon est très dangereuse », conclut l'expert.
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