Une porte vers l'Arctique
Le Svalbard est la terre la plus septentrionale du Royaume de Norvège et une véritable porte de l'Arctique. En conformité avec le traité dit du Spitzberg signé à Paris en 1920, les citoyens de 70 pays signataires peuvent vivre dans cet archipel sur un pied d'égalité avec la population locale à condition que la souveraineté de la Norvège ne soit pas contestée.
L'archipel étant riche en charbon et ses eaux en poisson, il a attiré des entreprises de différents pays, notamment américaines, britanniques et allemandes. Mais une fois les réserves facilement extractibles épuisées, les villages miniers ont été abandonnés. À ce jour, l'archipel ne compte que des agglomérations norvégiennes et russes. D'ailleurs, seuls ces deux pays continuent à y mener une activité économique plus au moins importante.
L'archipel ayant perdu son attractivité économique, la Norvège et la Russie se sont lancées à la recherche de nouveaux moyens pour insuffler la vie au Svalbard. Une des solutions est le tourisme.
Guide à Pyramiden
Ainsi, la compagnie étatique russe Arktikougol, héritière des mines de charbon soviétiques sur l'archipel, a décidé d'organiser des visites guidées au Svalbard, notamment dans la communauté minière de Pyramiden. C'est ainsi qu'Alexandre Romanovsky s'est retrouvé guide au milieu des paysages arctiques habités par des ours blancs.
Le jeune homme avoue que l'idée d'obtenir ce poste l'a entièrement possédé.
« Au tout début de l'année 2012 je suis tombé sur une annonce sur Internet. L'idée m'a tellement séduit que je ne dormais plus la nuit et je ne me suis calmé que lorsque j'ai mis les pieds sur la terre du Svalbard en qualité de guide-traducteur ».
Aujourd'hui il est le guide le plus « ancien » de l'archipel et il constate que l'intérêt pour le Svalbard ne fait qu'augmenter, d'ailleurs, le nombre de guides croît lui aussi.
« Avant tout c'est le côté romantique qui nous attire ici, mais aussi la possibilité de vivre dans un endroit aussi beau et unique et même de gagner de l'argent pour ça », avoue-t-il.
Selon ses dires, 90% des personnes qui visitent Pyramiden sont des étrangers et c'est avec plaisir qu'il les accompagne et entretient d'excellents rapports avec ses collègues norvégiens.
Les touristes viennent des quatre coins du monde, même d'Amérique latine. Ce que leur conseille le guide c'est de prendre des vêtements bien chauds et résistants aux vents. La meilleure période pour visiter cet endroit situé à la limite de l'océan Arctique et de l'océan Atlantique est la fin du mois de mars ou le mois d'octobre, temps des aurores boréales.
Chapka à l'étoile rouge et caban de marin
Or, outre le métier dans un endroit peu habituel, c'est l'image elle-même du guide qui étonne : sa tenue vestimentaire est plus qu'extravagante — perpétuels manteaux militaires, chapkas et accessoires décorés de l'étoile soviétique.
Interrogé sur son style qui correspond plutôt aux stéréotypes qu'on a sur les Russes qu'aux Russes eux-mêmes, il avoue qu'au début ce n'était qu'un pur hasard.
« En 2013, j'ai acheté un caban de marin que j'ai trouvé la veille de mon départ dans un magasin de surplus militaire. Je l'ai choisi car il était beau, bon marché et protégeait bien contre les vents. Ensuite, j'ai remarqué que les touristes ont commencé à se prendre de plus en plus souvent avec moi en photo. Là j'ai décidé de développer cette image. Ceci plaît aux étrangers. Quant aux compatriotes, ils me critiquent souvent, ce que je comprends. Mais ceci ne concerne que ma tenue estivale, mon costume d'hiver est authentique du point de vue historique », avoue-t-il.
Or, Alexandre n'est pas uniquement adoré par les touristes, mais aussi par les journalistes et les réalisateurs de documentaires qui le sollicitent régulièrement.
Du village fantôme à un des principaux centres touristiques de Svalbard
Selon Alexandre, Pyramiden vit et s'épanouit, se transformant progressivement en un des principaux centres touristiques de l'Archipel. Certes, pas question d'en faire nouveau un centre minier. L'hôtel du village a été reconstruit et toute l'infrastructure nécessaire à son exploitation a été mise en place.
« La possibilité de reconstruire le centre culturel et la cantine. Des travaux de réparation du port sont en cours. Il est prévu d'y installer infrastructures de communication mobile et Internet. La population permanente varie entre 6 et 20 personnes en fonction de la saison », relate-t-il.
Un voyageur chevronné
D'ailleurs, Alexandre est lui-même un touriste chevronné. Il n'a jamais visité aucun pays d'Europe de l'Ouest, mais la carte de ses voyages comprend un bon nombre de pays qu'il définit comme « plus exotiques ».
« J'aime à la folie la Chine, les pays d'Asie centrale, la Transcaucasie. Un de mes pays préférés est l'Iran, j'y ai été à deux reprises et je compte y retourner encore. Pour la troisième année consécutive je me rends en Amérique latine. J'ai sillonné les routes d'Argentine et maintenant je découvre le Chili », avoue-t-il.
Ses projets ? Il s'essaie dans le rôle de guide-naturaliste à bord de bateaux de croisière.
« Je viens de rentrer d'Antarctique. Ce travail me plait, il se peut que je continue dans cette voie. J'ai en outre une série de projets d'aventures ambitieux pour les années 2017-2018. Mais j'espère que Pyramiden ne disparaitra pas de ma vie. Pour moi, ce village gardera pour toujours sa particularité », conclut-il.
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