« L'accord qui vient d'être signé entre la Russie et la Turquie change complètement les prévisions données auparavant au sujet de l'avenir de la Syrie. Tout le monde croyait que la bataille d'Alep n'était qu'un pas pour d'autres batailles. Et là ce changement radical de la part d'Erdogan montre qu'Erdogan tourne le dos à l'Occident et on s'interroge: comment un pays qui fait toujours partie de l'Otan tourne le dos à l'Otan et continue d'avoir d'excellentes relations avec la Russie contre qui l'Occident a imposé des sanctions. »
Pour Tancrède Josseran, attaché de recherche à l'Institut de Stratégie et des Conflits, le moment est également décisif:
Pour Bassam Tahhan, en cas de succès, l'accord devrait être la base des négociations politiques entre le gouvernement syrien et l'opposition que Moscou et Ankara veulent organiser à Astana, au Kazakhstan. On assiste en quelques semaines seulement à la réalisation d'objectifs que la coalition n'arrivait pas à obtenir depuis 2012.
« C'est un camouflet pour l'Occident dans la mesure où on parle plus beaucoup de Genève, — explique à Sputnik Bassam Tahhan. Le nouveau paysage de la région y est pour beaucoup. Il y a eu un geste très intelligent de la part de Poutine: c'est qu'il a impliqué les Turcs dans cette guerre d'une autre manière en leur disant qu'il a fermé les yeux, que les Turcs pouvaient entrer en déterminant une ligne jusqu'à la ville de Bab. Si je puis dire, c'est un cadeau empoisonné pour Erdogan parce que là, Erdogan se retrouve nez à nez avec Daech. Il doit se battre avec Daech, il ne peut plus reculer. D'où l'envoi de nouvelles troupes, il y a de ça quelques jours, après les lourdes pertes en matériel et en hommes dans la bataille d'al-Bab ».
Les négociations entre la Russie, la Turquie et l'Iran tenues récemment à Moscou et consacrées à la situation en Syrie ont stipulé un mécanisme de règlement de la crise dans ce pays.
Pourtant, l'agence Reuters, tout en confirmant que la Turquie et la Russie ont préparé un accord pour un cessez-le-feu en Syrie, ajoute que le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu a affirmé qu'Ankara n'avait pas l'intention de revoir sa position vis-à-vis du président Bachar el-Assad. Rien d'étonnant à cela pour Tancrède Josseran:
« C'est très ambivalent puisque pendant très longtemps les Turcs ont mis comme préalable à toute discussion le départ de Bachar el-Assad et maintenant ce n'est plus devenu une ligne rouge. De temps en temps c'est évoqué, mais à mon sens c'est évoqué par les autorités turques plus pour se sauver la face qu'autre chose et il est évident que Bachar el-Assad va se maintenir au pouvoir et les Syriens n'ont pas véritablement du côté loyaliste, du côté de Damas, de solution de rechange. »
Pour Bassam Tahhan, les résultats sont plus globaux:
« Cet accord entre la Russie et la Turquie montre aujourd'hui la suprématie de la diplomatie russe qui a réussi pratiquement l'impossible: à mettre dans sa poche la Turquie et à redonner de l'importance à l'Iran. Et là on voit que le rôle américain ne cesse de se rétrécir comme une peau de chagrin non seulement en Syrie, mais dans toute la région.»
Le scenario dans lequel « le monde civilisé » élimine « un dictateur sanguinaire qui tue son peuple » a déjà été joué par deux fois — en Irak et en Libye, où il s'est joué de la même façon.
Le fait que la Russie interfère et joue sa partition en Syrie « redonne espoir », selon les mots de l'archevêque d'Alep.
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