La politique «multi-culti» à blâmer pour les échecs des autorités de Berlin

© REUTERS / Hannibal HanschkeEin Schild an der Gedächtniskirche „Berlin ist im Herzen getroffen“
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Le matin du 23 décembre, le suspect de l'attentat de Berlin Anis Amri a été abattu à Milan. Pourtant, sa mort ne résout pas le problème de la menace terroriste islamiste en Europe et ailleurs, estime le politologue spécialiste de l'islam Ralph Ghadban.

Et si derrière le suspect de l'attaque de Berlin abattu se trouvait tout un réseau terroriste ? Le Tunisien de 24 ans Anis Amri était proche des cercles salafistes, mais ses proches l'ont décrit comme un jeune homme ordinaire et non religieux qui aimait prendre un verre et sortir avec ses amis. Comment alors expliquer le fait qu'un tel individu a pu se radicaliser en Europe ?

Comment les jeunes se radicalisent en Europe ?

Police stand in front of the truck which ploughed into a crowded Christmas market in the German capital last night in Berlin, Germany, December 20, 2016. - Sputnik Afrique
Qui est ce policier-héros ayant abattu le suspect de l'attentat de Berlin?
Selon Ralph Ghadban, politologue et spécialiste de l'islam, c'est un scénario répandu pour les terroristes. Lorsqu'ils arrivent en Europe, ils n'ont pas encore d'idées djihadistes, la plupart d'entre eux se radicalisent dans des mosquées et des centres islamiques.

« Alors que ces centres font tout ce qu'ils veulent, pendant qu'ils diffusent des idées religieuses nuisibles, sous la couverture de liberté religieuse, nous allons nous heurter à ce problème », explique-t-il à Sputnik.

Pour convaincre les jeunes gens que c'est leur mission, les mosquées diffusent des conceptions islamistes à propos de la religion qui datent du VIIe siècle où des notions telles que le « djihad » étaient très populaires. Au fil des temps, le phénomène a subi des modifications : ainsi le djihad ne peut pas être déclaré par n'importe qui — c'est la prérogative d'un gouvernement ou d'un dirigeant uniquement. Or, dans le monde contemporain, chaque musulman croit avoir le droit de déclarer le djihad contre les infidèles — et au moins un tiers des mosquées et des centres islamiques sont de cet avis.

Une ligne trop libérale

Ce qui lève une autre question : est-ce que l'Allemagne a commis une erreur dans sa position envers l'islam ? Oui, auparavant le pays menait une politique migratoire erronée, mais dès les années 1990 la situation a changé, poursuit M. Ghadban. Dès lors l'Allemagne est devenue un pays ouvert et hospitalier, une image inimaginable il y a 30 ans.

« Mais cette attitude libérale de la société allemande a permis aux islamistes de s'implanter en Allemagne. Ils sont désormais reconnus et tolérés au nom de la liberté religieuse. La gouvernement a fini par créer une conférence islamique pour tenir des pourparlers directs avec les islamistes », constate le politologue.

Y participent tant des groupes traditionnels comme Ditib que des groupes islamistes tels que le Conseil central des musulmans, proche des Frères musulmans. C'est-à-dire l'ancienne politique d'intégration, qui avait échoué, a été remplacée par une politique libérale encore plus erronée qui a favorisé le développement d'un réseau de centres islamiques.

Un nid d'islamistes

Ces derniers temps, l'Allemagne évoque de plus en plus souvent les criminels d'Afrique du Nord. Il y a des islamistes dans cette région, en Tunisie ils sont même parvenus au pouvoir. Ils disent être contre la terreur mais initialement c'étaient eux derrière les exécutions et les meurtres des libéraux en Tunisie.

« Le nid d'islamistes est vaste et il est représenté au niveau officiel », met en garde M. Ghadban. « Il ne faut pas oublier que la plupart des étrangers qui combattent aux côtés de Daech en Syrie et en Irak sont des ressortissants de Tunisie. Par conséquent, il n'est en rien étonnant que les gens avec un tel passif se radicalisent plus facilement que les autres ».

Après l'attentat à Berlin, Anis Amri a été aperçu dans une mosquée salafiste dans le quartier de Berlin-Moabit. Ce qui est imaginable vu que pour d'autres musulmans, les djihadistes sont des militants de la paix et sont vus positivement, fait remarquer l'expert.

L'affaire de Berlin est-elle close ?

Mais si le suspect était déjà lié à cette mosquée et si la police le surveillait depuis longtemps, peut-on dire que les policiers ont sous-évalué le risque ?

« Je crois que cet échec pathétique a été provoqué par la politique libérale "multi-culti", multiculturelle. Tout le monde est soudain devenu prudent en critiquant l'islam et en évoquant divers suspects par crainte d'être qualifié de raciste et d'islamophobe. La législation permet d'écarter des gens qui représentent une menace, mais tous — la police, la justice, les politiques — ont laissé faire. Ce qui est survenu à Berlin doit leur faire revoir leur ligne  », résume M. Ghadban.

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Bien que le suspect ait été abattu à Milan, le politologue ne croit pas que l'affaire soit close. Selon lui, il y a un réseau derrière le terroriste, sinon comment aurait-t-il réussi à se déplacer aussi facilement et à trouver où se cacher partout ?

Et la dernière question qui a agité tout le pays : pourquoi Amri a laissé son papier d'ajournement de son expulsion dans une voiture. S'agit-il d'une sorte d'acte héroïque pour gagner en popularité ?

« Je ne crois pas cela. Il a été signalé qu'il y a eu une bagarre entre lui et un chauffeur polonais et je pense que ce dernier s'est conduit comme un vrai héros, en minimisant les conséquences de l'attaque et en arrêtant la voiture. Et dans cette bagarre Amri a perdu quelque chose », conclut le politologue.

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