Facebook, WhatsApp, à chaque étape logistique son média:
« Les passeurs vont recruter toute une série de clients et une fois qu'ils sont suffisamment nombreux, on affrète un bateau et on convient d'un prix »
explique François Genemme politologue au Centre d'études et de recherches internationales (Ceri).
«Frères, message à ceux qui partent avec nous pour l'Italie: dépêchez-vous car c'est bientôt la clôture de réservation. Dernière réservation possible: 23/12/2016"
Trouver une page Facebook dédiée, rien de plus simple. Ici, un groupe public pour Syriens et Irakiens se destine à « aider les personnes qui souhaitent immigrer vers l'Europe », en proposant d'« échanger des informations pour faciliter le voyage et l'accès à l'Europe ». La vitrine est alléchante: contact direct, photos de paquebot et de yacht. « Tous les passeurs se présentent comme des agences de voyages ou presque […] ». Autant d'artifices pour se soustraire à la surveillance et qui présentent un autre effet pervers:
Les réseaux sociaux permettent d'atteindre un nombre plus grand de candidats au départ. Le Centre européen pour la lutte contre le trafic de migrants (EMSC) note dans une étude de septembre 2016 que « les médias sociaux ont été de plus en plus utilisés au cours des dernières années par les trafiquants et les migrants ». Leur utilisation a eu « un impact significatif sur les migrations irrégulières. Elle aide les migrants à se rassembler, produisant une dynamique plus forte aux frontières extérieures et accroît la capacité des passeurs à modifier les voies migratoires face aux mesures de sécurité ou aux forces de l'ordre. »
L'Europe appelle à une surveillance des contenus du Web, à une coopération plus étroite avec les fournisseurs Internet et les médias sociaux et à utiliser les réseaux sociaux eux-mêmes dans un contre-discours. En clair, elle appelle à monter des campagnes d'information et de sensibilisation destinées à décourager les migrants de se lancer dans un voyage dangereux…
« C'est complètement vain et inutile, c'est brasser du vent et dépenser inutilement de l'argent public. Tant que les voies d'accès à l'UE resteront fermées, le business des passeurs continuera à se développer. Tant la politique restera la même en matière d'asile et d'immigration, toutes les tentatives pour lutter contre les passeurs, que ce soit la coopération avec les réseaux sociaux ou les opérations militaires et policières en Méditerrané, tout cela restera absolument vain et inutile. »
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