Le locataire de la Maison Blanche n'envisageait pas d'évoquer la lutte antiterroriste ou la situation en Syrie: il voulait parler des actions prétendues de "hackers russes" qu'il considérait comme un "acte d'agression". La presse américaine n'a pourtant publié ces informations qu'un mois et demi après l'entretien. Pourquoi? RT tente d'éclaircir la situation.
L'e-mail d'Obama indiquait que toute "ingérence dans le vote le jour des élections serait considérée comme un acte d'agression". Ces informations ont été dévoilées par la chaîne NBC citant des sources au sein des services de renseignement américains.
Qui plus est, cette peur des hackers russes s'est avérée si forte que, pour contacter Poutine, le locataire de la Maison Blanche a pour la première fois utilisé une ligne électronique dédiée aux situations de crise. Ce moyen de communication est une sorte de version moderne du "téléphone rouge" — la ligne téléphonique directe entre Washington et Moscou établie en 1953 pour prévenir une guerre nucléaire lors de l'aggravation de la crise des missiles de Cuba.
Selon une version, le motif de cette communication entre la Maison Blanche et le Kremlin était une cyberattaque de grande envergure commise le 21 octobre. Ce jour-là, des millions d'Américains n'avaient pas pu accéder à des sites populaires. La chaîne NBC rappelle que les services de renseignement américains n'ont pas décelé d'ingérence de la Russie ou d'un autre État dans les élections. Quoi qu'il en soit, en octobre 2016, ces défaillances de fonctionnement d'internet étaient encore considérées comme une répétition générale d'une cyberattaque de grande envergure prévue le jour des élections.
Compromettre Trump
Selon Viktor Olevitch, politologue et expert en relations russo-américaines, les informations "secrètes" de la NBC sur l'e-mail de Barack Obama visent à soutenir l'actuelle campagne antirusse:
"Ces accusations seront utilisées pour maintenir la pression sur l'administration Trump. On prépare actuellement le terrain pour cela. Nous constatons de nouvelles injections d'informations en ce sens — comme celle d'hier par la NBC — tous les quelques jours pour soutenir cette campagne antirusse. Il est bien probable que dans les six prochaines semaines nous puissions entendre des accusations encore plus graves. Ces informations ciblent le "consommateur intérieur" pour faire pression sur la nouvelle administration Trump en train d'arriver au pouvoir", note le politologue.
Comme il est difficile d'accuser Trump de liens avec les islamistes à cause de ces propos fermes contre le terrorisme, les démocrates ont décidé de miser sur sa sympathie envers la Russie, poursuit-il.
"Ils est difficile d'accuser Donald Trump et les membres de son administration de soutien ou de liens avec Daech et les terroristes. Ils (les démocrates, ndlr.) n'arrivent donc pas à jeter de telles accusations contre Trump et tiennent donc à dénoncer le prétendu soutien russe, même à l'aide de hackers", explique Viktor Olevitch.
Il rappelle que le renseignement américain a refusé d'enquêter sur l'"ingérence" de la Russie dans le scrutin. Ainsi, toutes ces accusations restent sans fondement.
Selon lui, l'apparition d'informations sur des cyberattaques suite aux élections s'expliquent par la volonté de "faire pression sur la nouvelle administration par n'importe quel moyen".
Et cela durera jusqu'à ce que Trump n'élimine toutes les sources de ces "scoops" au sein des services secrets.
"Si Trump ne réussissait pas à faire un nettoyage efficace non seulement à la CIA — où il a beaucoup d'opposants — mais aussi dans d'autres services, il faudrait s'attendre à un torpillage sérieux de sa politique de la part des renseignements américains".
Des hackers imaginaires?
"Il est absolument clair que le président Obama aurait pu "riposter" il y a quelques mois s'il avait été réellement préoccupé par cette "influence" sur les élections", a-t-elle indiqué à la chaîne CBS.
Elle souligne que les Américains respecteront les actions d'Obama, "qui avait le droit de faire ce qu'il voulait — mais cela ne signifie pas que le nouveau président sera d'accord avec ces actions". Kellyanne Conway note également qu'Obama "semble subir une pression de la part de l'équipe de la candidate Hillary Clinton, incapable d'accepter les résultats des élections".
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.