«La Turquie et la Russie ont un potentiel de règlement de la crise syrienne»

© REUTERS / Omar SanadikiAlep
Alep - Sputnik Afrique
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L’entente russo-turque sur la préservation de l’intégrité territoriale de la Syrie a rendu possible la libération de la ville d’Alep. Selon un expert turc, cet accord a été conclu sur fond de méfiance de Moscou et d’Ankara à l’égard de Washington.

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La Russie et la Turquie ont un potentiel pour régler la crise en Syrie et pourraient intensifier leurs efforts conjoints sur ce volet si le nouveau président américain Donald Trump optait pour le maintien de la présence des États-Unis dans la région et soutenait les Kurdes syriens, a déclaré lundi à Sputnik Bora Bayraktar, analyste politique et expert du Proche-Orient.

« L'entente russo-turque sur la Syrie (intervenue le 9 août dernier entre les présidents Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan, ndlr) donne des résultats, cela montre que la Turquie et la Russie ont un potentiel pour réaliser un plan de règlement de la situation en Syrie », a indiqué M. Bayraktar.

Selon lui, la Turquie s'est notamment engagée à surveiller les activités de l'Armée syrienne libre (ASL) et d'autres groupes d'opposition. La Russie, quant à elle, permet à la Turquie de lutter contre les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)/Parti de l'union démocratique (PYD) et contre les terroristes de Daech dans la région frontalière délimitée par la route M4, qui passe au sud d'Al-Bab.

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« La Russie permet à la Turquie de mener des opérations militaires contre les groupes kurdes du PKK et du PYD, ainsi que contre Daech à condition que la Turquie ne dépasse pas les limites de cette région. La Turquie a pour sa part consenti à "brider" l'ASL, à lancer un dialogue sur le règlement politique de la crise syrienne et à remettre à Moscou le contrôle des territoires occupés par l'opposition à Alep », a précisé M. Bayraktar.

D'après l'expert, Moscou et Ankara ont conclu cette entente pour plusieurs raisons dont la raison principale est leur méfiance à l'égard de Washington dont les activités profitent parfois aux djihadistes. Le raid aérien de la coalition dirigée par les États-Unis contre les positions de l'armée gouvernementale syrienne, aurait dû « convaincre la Russie que les perspectives de sa coopération avec les États-Unis sur la Syrie étaient très mornes ».

« La méfiance à l'égard des activités américaines s'est surtout renforcée après la récente frappe aérienne de la coalition contre l'armée gouvernementale syrienne près de Deir ez-Zor. Cet incident, qui a fait au moins 80 morts parmi les soldats syriens, a sapé la confiance dans les actions de la coalition internationale et notamment des États-Unis en Syrie », a noté M. Bayraktar.

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Selon lui, la politique du président sortant américain Barack Obama en Syrie et au Proche-Orient a échoué et son successeur Donald Trump devrait changer de rhétorique. Mais s'il continue la politique visant à retenir la Russie, cela encouragera encore plus le rapprochement entre Moscou et Ankara.

« M. Trump préférera agir de concert avec ses alliés. Il cherchera à éviter de longues guerres aux conséquences imprévisibles. Mais il poursuivra la politique de la présence militaire US dans la région et essayera d'équilibrer la position de la Russie (…). Si les États-Unis décident d'intensifier leur coopération avec les Kurdes syriens du PYD, cela approfondira les divergences entre les États-Unis et la Turquie et encouragera la coopération entre la Turquie et la Russie sur le dossier syrien », a conclu l'expert.

Une réunion sur la Syrie des ministres des Affaires étrangères de Russie, d'Iran et de Turquie aura lieu mardi à Moscou. La rencontre était initialement prévue pour le 27 décembre, mais le 17 décembre le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et ses homologues turc, Mevlut Cavusoglu, et iranien, Mohammad Javad Zarif, ont décidé de l'anticiper suite à la libération d'Alep.

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