Nietzsche, dans Par-delà le bien et le mal, dit que l'empire russe est le seul sérieux, que lui seul a de l'avenir: «… la Russie étend ses conquêtes en empire qui a du temps devant lui et qui ne date pas d'hier — eux se transforment suivant la maxime: « Aussi lentement que possible! »
Elle a aussi la plus moderne armée du monde. Les armes russes ont fait peur au méchant monde impérialiste cette année et les rodomontades des adjudants du pentagone n'y changeront rien. Le tigre de papier-monnaie du dollar est aussi à la veille de son Armageddon.
Personne ne traite mieux ces questions géostratégiques et médiatiques en Europe que Philippe Grasset. On lui laisse la parole:
« Ainsi cela commence-t-il à devenir une habitude, essentiellement depuis mars 2014 et l'investissement de la Crimée par les forces russes: les services de renseignement occidental, malgré des moyens considérables et une dialectique à mesure, ratent régulièrement les plus importantes initiatives stratégiques, même quand elles sont massives, de la Russie. (Par contre, elles ne sont pas avares, les sources proches du renseignement, de longs et péremptoires bavardages sur des opérations de communication — comme les invasions fantômes russes de l'Ukraine — qui satisfont les narrative en cours). »
« Le bloc-BAO est réellement transmuté par ses propres démons qu'il produit pour déstructurer le « reste du monde » (tout ce qui n'est pas lui) et qui finissent inéluctablement par se retourner contre lui-même…
Pour démolir le costaud Trump, on en arrive au caquetage très débile, comme celui de l'émission « c'est dans l'air », conçue pour les ploucs paniqués.
Philippe Grasset rappelle que le triomphe russe avec l'Iran est éclatant:
«… ce que les Russes ont fait avec l'Iran, sans aucune pression, en laissant intact le sens de l'indépendance et de la souveraineté nationale et par conséquent le soutien constant et loyal des Iraniens, jamais les USA ne le réussirent avec le shah Mohammed Reza Pahlavi, pourtant véritable marionnette de la CIA de son installation sur le trône en 1953 à son départ précipité à la fin de 1978. »
« Même les Israéliens, notamment grâce à leurs Juifs d'origine russe, finiraient bien par laisser aller leurs lubies anti-iraniennes car ils ont beaucoup appris, en une année, combien il s'agit d'être sérieux et attentif avec les Russes, et l'intérêt d'avoir de bonnes relations avec eux. »
Les relations russes et israéliennes sont d'ailleurs assez bonnes. Mais ce qu'il faut souligner c'est le génie stratégique russe, qui contraste avec la débilité larmoyante de Merkel-Juncker ou l'hystérie raide de Clinton-Obama.
Car: « La Russie, puissance et masse continentales par essence, fait « vivre » sa puissance stratégique dans son propre espace, et notamment depuis les débuts de la Guerre froide. »
Je cite pour finir un texte de l'écrivain pro-nazi Bardèche:
« C'est un nouveau venu dans la géopolitique, l'Américain Nicolas John Spykman, qui montra au président Roosevelt la naïveté de cette futurologie. L'essentiel n'est pas de posséder des territoires, mais d'être maître des lignes de communication. Plus le territoire conquis est étendu, plus la conduite de la guerre dépend des possibilités de renouvellement de matériel de la guerre. À ce moment-là, la maîtrise des mers l'emporte sur la maîtrise des continents. Il importe peu, plaidait Spykman qui fut le conseiller de Roosevelt à l'entrevue de Yalta, qu'on refuse ou qu'on abandonne des lambeaux de territoire, si l'on est le maître du chapelet d'îles, de bases et de points d'appui qui entourent comme une grande ceinture le continent euro-asiatique: car on est alors le maître de la circulation économique et stratégique dans les territoires dont la sécurité et la prospérité dépendent des mers qui les entourent. »
L'écrivain fasciste avait tort. Faire croire que des porte-avions en panne et des chaînes de télé débiles comme CNN vont soumettre l'île-monde eurasiatique, c'est se moquer du monde. 3000 soldats US en Pologne sont de la rigolade, et la Russie n'est pas la petite et teigneuse Allemagne! Le bon maître McKinder le savait, qui poursuit la Russie comme une ombre dans son œuvre géostratégique, comme Kipling dans son œuvre littéraire (relisez Kim bien sûr, et son Grand Jeu ou même l'Homme qui voulut être roi).
« Les Vaishyas, venant en troisième lieu, prennent place au sud, et avec eux se termine la succession des castes « deux fois nées », il ne reste plus pour les Shûdras que l'ouest, qui est regardé partout comme le côté de l'obscurité. »
L'occident atlante abattu, l'Europe endormie se réveillera comme la belle de la fable.
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