Dans le document classé top secret de l'une des directions de la NSA, SIDtoday, une nouvelle branche d'espionnage voit le jour : l'interception des données de communications, y compris les codes secrets, à bord des avions.
Comment ce type de surveillance se fait-il ?
Le nombre de personnes utilisant leur portable en vol augmente : en 2008, il y en avait 50 000 tandis que vers la fin de l'année 2009 ce chiffre avait déjà doublé. Ce qui a rendu relativement facile la tâche du GCHQ en 2012 : le service secret a mis en place le programme Southwinds censé collecter le trafic, les métadonnées et le contenu des connexions à bord des avions dans la zone couverte par les satellites Inmarsat, soit dans l'espace aérien au-dessus de l'Europe, du Proche-Orient et de l'Afrique.
Le Monde: ABD/NSA ve İngiliz istihbaratı, ticari uçaklarda yolcuların cep telefonu ve tabletlerine gizlice eriştiler pic.twitter.com/zFtvigbHRI
— Abdullah Çiftçi (@abdullahciftcib) 7 декабря 2016 г.
De plus, le GCHQ se trouve même capable d'empêcher le fonctionnement d'un téléphone et de faire en sorte que l'utilisateur doive débrancher et redémarrer son portable, et ce avec ses codes d'accès —alors le service britannique peut capter ses identifiants.
Air France dans la ligne de mire
La compagnie Air France a subi des actes d'espionnage aérien américano-britannique depuis 2005 tandis que le premier cas d'usage d'un smartphone à bord date du 17 décembre 2007 (vol AF 1046 d'Air France, reliant Paris et Varsovie).
Vu que les vols d'Air France et d'Air Mexico ont été considérés comme des cibles potentielles de terroristes depuis la fin 2003 par la CIA, la SID (l'une des principales directions de la NSA, Signal Intelligence Directorate) chargée du renseignement d'origine électromagnétique a élaboré ce programme destiné à éviter « un nouveau 11 septembre ».
D'après le service juridique de la NSA, « il n'y a aucun problème légal pour cibler les avions de ces deux compagnies à l'étranger » et « ils devraient être sous la plus haute surveillance dès qu'ils entrent dans l'espace aérien américain ».
Un avion d'Air France a d'ailleurs été choisi par le GCHQ pour démontrer comment l'interception en vol fonctionne.
D'autres cibles de l'espionnage aérien de la NSA et du GCHQ
La surveillance du GCHQ et de la NSA ne se limite pas à l'interception des communications des passagers ordinaires, mais a aussi ses cibles haut placées. Parmi elles, on trouve des représentants de la diplomatie israélienne, ce tant à Jérusalem qu'à l'étranger, des sociétés privées de l'industrie de la défense, des entités étatiques assurant la coopération internationale ou encore des centres universitaires connus dont le niveau scientifique est assez haut.
De même, les services secrets américains et britanniques ont mis sous surveillance conjointe GCHQ-NSA l'Autorité palestinienne. La NSA se révèle d'ailleurs une alliée proche de l'EWD, le service de renseignement électronique jordanien et les interceptions du GCHQ contiennent aussi des données portant sur la cour royale de Jordanie, du chef du protocole du roi et de l'ambassade de Jordanie à Washington.
Actuellement, il est permis de téléphoner depuis l'avion de plus d'une centaine de compagnies, mais les services secrets étendent toujours leur terrain d'expérimentation et les cibles de leur interception sont alors annoncées : les codes PIN et les adresses e-mails voix, data, SMS, Webmail, Webchat, réseaux sociaux, Google Maps, Currency Converters, Media, VOIP, BitTorrent et Skype.
Selon des experts, les années 2016, 2017 et 2018 pourraient s'avérer des années historiques, surtout vu l'installation du Wi-Fi en plein vol. Et alors que le périmètre de l'utilisation des portables s'étend, la SID s'interroge elle-même : qu'est-ce qui nous attend ensuite, l'espionnage des trains ? Il faut donc être vigilant, résume-t-elle.
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