Cette découverte permettra de sauver de la cécité des milliers de patients qui perdent la vue, notamment à cause de la maculadystrophie. Les médecins espèrent effectuer la première transplantation dans le cadre d'essais cliniques dès 2017, si la législation le permet.
« La reprogrammation de cellules est un phénomène relativement nouveau dans la science, qui remonte à la découverte du professeur Shinya Yamanaka de l'Université de Kyoto », explique Vadim Govoroun, directeur général du Centre fédéral de recherche clinique en médecine physique et chimique.
Cette nouvelle méthode permettra de sauver de la cécité les patients qui perdent la vue, par exemple, à cause de la maculadystrophie — maladie qui constitue l'une des principales causes de cécité chez les personnes de plus de 55 ans (et qui touche un Russe sur deux de plus de 60 ans).
Les chercheurs du Laboratoire de biologie cellulaire expliquent que la peau convient le mieux pour la reprogrammation car le prélèvement d'un tel tissu ne traumatise pratiquement pas le patient et les cellules de la peau possèdent une bonne propriété de multiplication.
« Il existe des cellules souches spécialisées pour chaque type de cellules, c'est-à-dire que seules les cellules souches de sang conviennent pour reconstruire des cellules de sang », explique Sergueï Kisselev, responsable du Laboratoire de technologies biomédicales du Centre fédéral de recherche clinique en médecine physique et chimique. Et de poursuivre: « Seules les cellules souches pluripotentes sont universelles. On peut les obtenir à partir d'embryons ou à partir des cellules de peau par la reprogrammation. Ces cellules conviennent pour fabriquer tout type de tissu. »
Des essais cliniques sont actuellement en cours aux États-Unis et en Europe (notamment au Royaume-Uni) sur la greffe de la rétine de l'œil, après une première opération réalisée en 2014. Des tests ont également été menés au Japon puis suspendus à cause de changements législatifs, mais ils devraient reprendre en 2017.
L'usage de cellules reprogrammées — c'est-à-dire universelles — qui conviennent pour un grand nombre de receveurs simplifiera la technologie et réduira le coût de l'opération, qui sera ainsi plus accessible.
Le Centre fédéral de recherche clinique en médecine physique et chimique a déjà testé ces technologies sur les lapins mais les essais cliniques restent encore impossibles: les scientifiques attendent la loi russe sur les produits cellulaires biomédicaux qui entrera en vigueur le 1er janvier 2017, et l'adoption d'actes normatifs dans le cadre de cette loi (dont les délais sont inconnus car ils n'ont pas été élaborés).
Dans la famille qui s'est adressée au centre, les porteurs de la mutation sont le grand-père du côté paternel, le père et les enfants.
« Pour les enfants de cette famille, nous avons préparé des cellules de rétine avec un génome remanié. Mais dans un premier temps nous commencerons probablement les essais avec les cellules non parentes car il sera plus facile d'obtenir l'autorisation », a déclaré Sergueï Kisselev.
Le Centre compte trouver des partenaires médicaux pour réaliser avec eux sur les patients une greffe de la rétine produite en laboratoire dès 2017.
De la même manière, les chercheurs du Centre ont produit des neurones de cerveau humain et ont testé leur adaptation sur des modèles animaux. La greffe de cellules « corrigées » avec la procédure de remaniement du génome aidera notamment à soigner les patients atteints de la maladie de Parkinson. Des essais cliniques sont déjà en cours dans certains pays et seraient possibles en Russie si les établissements neurochirurgicaux et neurologiques s'y intéressaient — sans oublier le feu vert législatif, bien entendu.
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