Les Français ont-ils financé la campagne d’Hillary Clinton?

© AFP 2023 Jewel SamadHillary Clinton
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Le futur président Trump passera à la loupe les finances de la Fondation Clinton et il entend que les pays alliés coopèrent. Si l’Arabie saoudite, le Qatar ou encore le Koweït figurent parmi les plus généreux donateurs, la France n’aurait apparemment rien à leur envier...

La France a-t-elle, volontairement ou non, contribué au financement de la campagne de la candidate démocrate ? Lundi, le New York Post annonçait détenir un document selon lequel des enquêteurs français avaient commencé à suivre la piste de dizaines de millions d'euros d'argent public qui auraient terminé dans les caisses de la fondation des époux Clinton. Le tout, alors que parallèlement, le scandale enfle en Allemagne sur le versement par l'Agence allemande de coopération internationale (GIZ) et le ministère de l'Environnement de plusieurs millions d'euros à la fondation controversée (respectivement 2,4 et 4,5 millions d'euros). Il faut dire que des doutes planent sur un possible financement de la campagne électorale de l'épouse Clinton par les fonds de la fondation lancée par son mari…

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Une affaire relancée alors qu'une source proche de Donald Trump a annoncé au journal américain que le futur locataire de la Maison-Blanche avait l'intention de nommer un procureur qui enquêtera sur la Fondation Clinton, une enquête à laquelle les partenaires étrangers seront invités à collaborer. Le 45e président des États-Unis entendrait-il ainsi mettre des actes derrière ses mots ? Souvenez-vous de cette sortie, lors du deuxième débat entre les deux principaux candidats à l'investiture suprême, reprise par la plupart des médias à travers le monde :
— Hillary Clinton « C'est bien que quelqu'un avec le tempérament de Donald Trump ne soit pas en charge de la justice de notre pays… »
— Donald Trump « Parce que vous seriez en prison. »

Beaucoup moins repris, alors que la campagne présidentielle américaine battait son plein, une enquête de Vincent Jauvert, grand reporter au Nouvel Obs, qui révélait mi-octobre les dessous de la participation française aux fonds de l'organisation philanthropique des Clinton.

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Le journaliste explique comment Philippe Douste-Blazy, alors à la tête du Quai d'Orsay, se retrouve chargé de trouver des débouchés humanitaires aux centaines de millions d'euros collectés chaque année grâce à la « taxe Chirac », cette surtaxe de 1 à 45 € sur tous les billets d'avion en partance de France. Le ministre a alors une idée, celle de convaincre Bill Clinton, ancien président américain en perdition médiatique, mais dont il demeure particulièrement admiratif, de créer une centrale d'achat de médicaments pour les enfants victimes du SIDA. Afin de mener à bien cette noble cause, l'UNITAID voit le jour. Objectif : 100 000 enfants soignés en un an et une destination toute trouvée pour la taxe Chirac.

Vincent Jauvert s'attarde sur les relations entre l'UNITAID et la Fondation Clinton, qui seront toujours très étroites, au point que, dès 2007, le représentant brésilien au conseil d'administration « s'interroge sur le très haut niveau de fonds » qu'Unitaid donne à la Fondation Clinton, par rapport à d'autres institutions comme l'Unicef. Celles entre la France et UNITAID resteront elles aussi très étroites, notre pays étant l'un des seuls pays à avoir adopté une surtaxe sur les billets d'avion: les fonds collectés par la « taxe Chirac » représentent plus de la moitié du budget de l'UNITAD (jusqu'à 90 %).

Beaucoup ont relevé durant la campagne que des royaumes du Golfe, tels que l'Arabie saoudite, le Qatar ou le Koweït, avec des donations de 5 à 10 millions de dollars, figuraient parmi les donateurs les plus généreux de la Fondation Clinton. Aujourd'hui, l'UNITAID apparaît sur la page des donneurs, avec la Bill & Melinda Gates foundation et cinq autres généreux sponsors, dans la plus haute catégorie : celle des 25 millions de dollars et plus. Des faits qui semblent corroborer les propos du biographe de Bill Clinton, Joe Conason, relayés par le journaliste français: « Bill Clinton a vu dans Unitaid le gros paquet d'argent dont sa fondation avait besoin. »

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En effet, la Fondation Clinton « à but non lucratif », créée en 1997 par Bill Clinton, alors président, est soupçonnée d'avoir servi de façade à l'enrichissement personnel des époux Clinton. Il faut dire que leur situation financière a radicalement changé après l'élection du mari à la Maison-Blanche et le passage de l'épouse au département d'État. Partie d'une modeste situation, leur fortune personnelle s'établirait aujourd'hui aux alentours de 100 millions de dollars. Une embellie à laquelle leurs conférences au cachet prohibitif ne sont pas étrangères : comptez par exemple 200 000 dollars pour un discours d'Hillary Clinton. Si l'affaire passe totalement inaperçue en France, elle a déjà provoqué des remous outre-Atlantique.

Dans l'adaptation de son best-seller Clinton Cash, Peter Schweizer jette un nouveau regard sur la fondation philanthropique. Il égrène une série d'exemples qui tendent à montrer comment de généreux donateurs de la fondation ont vu le département d'État américain intervenir en faveur de leurs intérêts financiers. Des comportements que Peter Schweizer décrit comme « n'étant, d'une certaine manière […] qu'une réminiscence du colonialisme du XIXe siècle. »

Plus récemment, Julian Assange soulignait également ce type de liens, lorsqu'il remettait en doute la sincérité de certains donateurs du Golfe, comme l'Arabie saoudite, qui finançaient la fondation à hauteur de dizaines de millions de dollars, alors même qu'Hillary Clinton était en poste au département d'État. Comme il le rappelle, c'est durant cette période que le plus gros contrat d'armement au monde fut signé avec le royaume saoudien, pour une valeur d'environ 80 milliards de dollars. Une concussion qui semble confirmée par le contenu des emails professionnels que l'ex-secrétaire d'état conservait sur un serveur privé et qui ont depuis fuité sur la Toile.

 

La France a-t-elle aussi tiré avantage de son généreux montage financier avec la fondation Clinton, ou n'est-elle simplement que le dindon de cette farce politico-financière ?

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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