Quelles sont les perspectives de développement du secteur des terres rares à une époque où la Chine cherche à maintenir sa puissance géostratégique en la matière, la France optant pour le recyclage et la Russie investissant dans la mise en valeur de ses réserves arctiques ? Sputnik a parlé à Mikå Mered, maître de conférences associé en économie arctique à l'Université des sciences appliquées de Laponie en Finlande.
La situation sur le marché des terres rares a beaucoup évolué. Il y a six ans, en 2010, il y avait eu une grande peur sur les marchés suite à la décision de Pékin de vouloir instaurer des quotas à l'exportation qui étaient très importants. En effet, en fonction de différentes estimations, la Chine exporterait aujourd'hui entre 90 % et 97 % des terres rares à l'échelle mondiale.
Aujourd'hui, il est très important de voir quelle va être l'attitude de la Chine et des pays comme les États-Unis, l'Union européenne, la Russie ou l'Australie sur ce marché, a souligné le spécialiste.
Pour ce qui est de la France sur le marché des terres rares, elle occupe aujourd'hui une place d'outsider, martèle Mikå Mered. « C'est-à-dire que la France a beaucoup de potentiel, mais c'est un potentiel qui est principalement sous-marin donc il nécessite un certain nombre de technologies qui existent mais qui sont encore en rodage et qui sont chères. » Il y a également un coût environnemental important.
Et la deuxième chose, c'est que la France comme l'Allemagne ou l'Union européenne depuis 2010 s'oriente plutôt vers la voie du recyclage. Il existe des sociétés françaises qui sont très bonnes en matière de recyclage des terres rares et qui peuvent devenir les leaders mondiaux du recyclage des terres rares et donc apporter un contre-balancier à la Chine dans les prochaines années plutôt que de passer par l'exploitation, explique l'expert.
La France s'oriente vers le recyclage pour des raisons stratégiques mais aussi pour des raisons écologiques. En effet, la raison pour laquelle la Chine a une prépondérance sur le marché, c'est qu'elle avait depuis les années 70, 80 et surtout dans les années 1990-2000 des coûts d'exploitation, mais aussi des normes environnementales à l'extraction, qui étaient très faibles, explique le spécialiste.
La Russie, pour sa part, procède également au développement de cette filière. Le développement de son secteur des terres rares est consubstantiel au développement de sa zone arctique, fait ressortir M. Mered. D'après différentes estimations, environ 95-98 % de ces réserves en terres rares seraient localisées dans la zone arctique du territoire russe.
« Du coup le secteur des terres rares en Russie se développera au fur et à mesure que l'Arctique russe se développera », dit le spécialiste. Aujourd'hui, Moscou investit énormément d'argent et de moyens pour le développement de son Arctique et de nouvelles infrastructures pour viabiliser la zone. C'est une fois que ces infrastructures-là seront développées et bien installées que le développement des terres rares en Russie pourra se faire à plein régime, selon M. Mered.
En somme, le plus important concurrent de la Chine actuellement est, en premier lieu, l'Union européenne. Le Groenland, qui est lié à la couronne du Danemark, est aujourd'hui la deuxième réserve mondiale des terres rares. Ensuite, il y a les États-Unis et l'Australie.
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