Cette année les électeurs n'écoutent plus ni les sondages ni les experts et établissent leur choix en se basant directement sur les candidats, ce qu'on a vu notamment en Amérique, a déclaré vendredi à Sputnik André Bercoff, le seul journaliste étranger qui avait interviewé Donald Trump pendant sa campagne électorale et envisagé même sa victoire.
Interview avec @andrebercoff, nous avons parlé de la #PrimaireDroite, #Trump, #Mediasrusses, #Russie, ce soir sur @sputnik_fr pic.twitter.com/WmhgoAq9g3
— Ksénia Lukyanova (@ksenia_sputnik) 25 ноября 2016 г.
« Les électeurs (…) sont devenus électeurs citoyens consommateurs (…) On l'a vu en Amérique, vous savez ce qui s'est passé avec les sondages (…), on le voit en France, et on le voit d'ailleurs en Europe, un peu partout », a relevé l'interlocuteur de l'agence.
Et d'ajouter que les électeurs n'écoutaient plus ce qu'on leur disait d'écouter parce qu'ils ne voulaient plus que d'autres leur disent ce qui est bon pour eux.
« A tort ou à raison — ils peuvent se tromper mais au moins ils jugent sur pièce. Ça s'est passé pour Donald Trump aux États-Unis, ça se passe aujourd'hui en France — rappelez-vous qu'il y a encore dix jours personne ne pariait un kopeck sur Fillon et aujourd'hui il est en tête », a poursuivi l'expert.
Il constate une véritable sécession entre une partie du peuple, d'une part, et son élite et sa classe dirigeante, de l'autre, en estimant qu'il s'agit d'un des phénomènes les plus importants qui se passent en Occident depuis dix ou vingt ans.
« Nous sommes dans une période de surprises totales (…) La gauche et la droite sont en pleine division, en pleine interrogation et en pleine remise en question pour des tas de questions (…) Les gens voient qu'il y a vraiment des problèmes énormes, la classe moyenne se paupérise, les gens ne savent plus où ils sont », souligne le journaliste, prévenant que la marge de manœuvre s'est rétrécie.
Selon ce dernier, après le Brexit, l'élection de Donald Trump et avec François Fillon en favori pour les électeurs de la droite, les médias sont en panique, alors que ce n'est que le début.
Parlant des allégations selon lesquelles c'est le président russe Vladimir Poutine qui aurait tout organisé avec des médias sous ses ordres, qu'il s'agisse de la victoire de Donald Trump aux États-Unis ou de la victoire éventuelle de François Fillon à la future présidentielle en France, André Bercoff a appelé à « arrêter ces théories du complot imbéciles ».
« Que Poutine puisse préférer Trump à Hillary Clinton, c'est évident, Fillon à Juppé, c'est possible. Une victoire électorale, ce n'est jamais un pays étranger quel qu'il soit qui la fait », a rappelé l'écrivain à qui on doit le livre intitulé « Donald Trump, les raisons de la colère ».
« Cette Europe ne s'est pas bâtie. Où est l'Europe de la défense ? Où est l'Europe de la fiscalité ? Où est l'Europe sociale ? », s'interroge le journaliste. Des questions qui ne font que confirmer ses dires.