Les experts prédisent déjà une victoire de François Fillon au second tour, qui lui permettrait de représenter Les Républicains à l'élection présidentielle de 2017.
Le taux de participation était inhabituellement élevé pour ce premier tour : les experts prédisaient une participation d'environ 1 % de la population en âge de voter, mais 4 millions de citoyens se sont rendus aux urnes, soit 6 % des Français.
Nicolas Sarkozy a déjà reconnu sa défaite et s'est dit prêt à soutenir François Fillon. Comment peut-on expliquer un tel échec ? Entré à grands pas dans la politique française, Sarkozy était ministre de l'Intérieur et perçu par la population comme le futur président de l'espoir, prêt à régler les problèmes actuels des Français. Il promettait de rétablir l'ordre sur une question particulièrement sensible, la politique d'immigration, ainsi que de mener une ligne politique et économique indépendante. Cependant, il n'a tenu aucune de ses promesses de campagne. Au contraire, il s'est contenté de suivre loyalement les intérêts des États-Unis en participant, par exemple, aux coalitions américaines contre les pays arabes. Son heure de gloire a été la campagne contre Mouammar Kadhafi en Libye, qui, comme il s'est avéré par la suite, avait financé sa campagne présidentielle. L'opération s'est soldée de facto par la défaite de la France, qui a été submergée d'un afflux de réfugiés en provenance de Libye. Au final, Sarkozy a été reconnu comme le président le plus faible et le plus conciliant de la Ve République. Pour sa part, François Hollande, qui lui a succédé, s'est révélé encore pire que son prédécesseur. Il a oublié les idéaux d'autonomie de la France et s'en est tenu à la ligne américaine sur les questions géopolitiques — par exemple, dans l'épopée de la livraison des Mistrals en Russie, le soutien des sanctions antirusses, la loi travail, etc.
L'ancien premier ministre est partisan d'une intégration européenne qui suppose la création d'une Europe forte capable de concurrencer les grandes puissances comme les États-Unis, la Russie et la Chine. Il se distingue également par une vision plutôt positive de la Russie. L'auteur de ces lignes a vu François Fillon il y a quelques années, au forum politique d'Iaroslavl, où il communiquait très amicalement avec l'ex-président russe Dmitri Medvedev. À l'époque, il se montrait déjà comme un politique prorusse. Sa position n'a pas changé aujourd'hui, en dépit des sanctions, du rattachement de la Crimée à la Russie et bien d'autres dossiers.
C'est à Fillon que les sociologues prédisent la victoire au second tour de la primaire. On estime également que son principal adversaire à la présidentielle de 2017 sera Marine Le Pen, présidente du Front national, également soutenue par la population et considérée comme prorusse. En d'autres termes, quelle que soit issue de l'élection en France, il semble qu'elle sera favorable pour la Russie. Nous assistons ces derniers temps à un changement de priorités politiques en Europe et dans le monde. Le premier signal était le Brexit, le deuxième le triomphe de Donald Trump à la présidentielle américaine, et maintenant nous constatons une nouvelle répartition des forces à l'élection française. De nouveaux représentants politiques arrivent, avec qui il sera facile pour le président russe Vladimir Poutine de parler la langue du respect et des intérêts réciproques.