Juppé atlantiste, Fillon pro-russe — telle est l'installation traditionnelle des pièces sur l'échiquier politique français. Entre-temps, Alain Juppé tente de jouer sur deux tableaux à la fois, prêt à discuter avec la Russie, tout en s'opposant catégoriquement à la politique de Vladimir Poutine. Difficile de comprendre sa position sur la question.
Le programme du candidat ne prévoyant visiblement aucun adoucissement des relations franco-russes, il ne s'agit visiblement que d'un coup de théâtre dans le contexte de la course électorale qui bat son plein.
Du coup, russophiles ou non, les finalistes de la primaire de la droite et du centre sont attendus au tournant sur la question russe. De « Poutine ne comprend que les rapports de force » à « j'aurai de bonnes relations avec lui », comment le discours d'Alain Juppé a-t-il évolué, a quelques jours du second tour?
Les candidats s'adressent aujourd'hui à leurs partisans, confirmés ou en devenir. Dans une interview accordée au quotidien Le Monde et publié ce jeudi 24 novembre, Alain Juppé encourage (étonnamment!) la Russie, « grand pays auquel nous lie une vieille amitié », à se diriger vers un « partenariat pour une sécurité commune et une prospérité partagée ».
Le candidat a également trouvé un nouveau destinataire, devinez qui? « Au peuple russe, je dis: tournons-nous ensemble vers l'avenir », déclare-t-il.
D'où cette soudaine sympathie pour un peuple toujours soumis à des sanctions occidentales qu'Alain Juppé n'envisage pas de lever?…
Le candidat est soucieux du respect des accords de Minsk. Il considère que la Russie a violé le droit international en rattachant la Crimée à son territoire: pas question d'envisager une levée des sanctions. Sanctions qu'il estime bénéfiques, poursuit-il, en donnant l'exemple de l'Iran:
« Je suis persuadé que si l'Iran, petit à petit, a évolué, est revenu autour de la table des négociations, c'est parce que son peuple a souffert des sanctions. C'est triste, parce que c'est le peuple qui souffre, pas les dirigeants, mais il n'y a pas aujourd'hui d'autre moyen ». Il préconisait alors de « créer un rapport de force avec la Russie, parce que c'est la seule chose que comprend Poutine ».
« Ni poutinolâtre, ni poutinophobe »: Alain Juppé défend avant tout « les intérêts de la France et de la paix ». Sur le dossier syrien, il reste ferme:
« Il n'y aura pas de retour à la paix en Syrie avec Bachar al-Assad ».
Qualifiant les frappes sur Alep de « génocides » dans « l'Emission Politique » de France 2 le 8 octobre, il déclare sur TF1 le 23 novembre: « Ce qui me traumatise en ce moment, c'est ce qui se passe au Proche-Orient. Parce qu'on assiste au massacre de toute la population d'une ville, Alep », invitant La Russie à « réfléchir sérieusement et sincèrement à une solution politique ».
Sa position évoluera-t-elle encore au cours de la campagne électorale?
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