Les interprètes afghans de l’armée française, ces nouveaux Harkis

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Ils sont 700 Afghans à avoir travaillé comme interprètes pour l’armée française jusqu’au retrait des troupes d’Afghanistan en 2013. Exposés à des menaces de mort, certains ont pu partir, les autres se heurtent au silence de l’administration française.

Parce qu'ils ont travaillé pour l'armée française comme interprètes, ils sont aujourd'hui menacés de mort par les talibans. La plupart a bénéficié d'une relocalisation protectrice en France… Mais ils sont encore une centaine à s'être vu opposer un refus. Pour 31 d'entre eux, un collectif d'avocats a pu saisir le juge des référés du tribunal administratif de Nantes, seul compétent pour les refus de visa. Pour l'avocate Françoise Gardes, l'État français doit prendre ses responsabilités « parce que ces personnes ont servi en tant que personnel engagé par l'armée française [..]. Aujourd'hui, s'ils sont menacés et c'est en raison de cette participation ».​

La France a mis en place un dispositif de relocalisation protectrice pour accompagner le départ de ces troupes qui a duré plus de dix ans. Mais les visas sont délivrés au compte-goutte, seulement 70 ont été octroyés, et les motifs de refus ne sont pas clairs : « c'est une des choses qu'on déplore dans le traitement qui a été réservé à ces demandes : c'est qu'on a une forme d'opacité. L'État s'y oppose sûrement parce qu'ils ne veulent pas faire venir tout le monde, pour des raisons pratiques ou financières ». Une lettre ouverte a été adressée à François Hollande, débloquant ainsi une centaines de demandes.

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Pourtant, « il n'y a pas de loi particulière qui concerne les personnels civils de recrutement local dans le cadre des opérations extérieures ». Ce qui s'applique, ajoute Me Grave, c'est un « principe général » obligeant « l'employeur public [à] protéger la personne qu'il a employée lorsque cette personne est menacée en raison de sa participation à cette mission, en l'occurrence avec l'armée ». Moralement, la responsabilité de l'État est aussi engagée : « malheureusement, on a le précédent des Harkis qui nous vient à l'esprit. Ces responsabilités ont été jugées devant les tribunaux, même si c'est un petit peu différent […]. Mais en tout cas il y a un parallèle clair qui vient à l'esprit sur ce point-là ».

En attendant que le tribunal de Nantes examine les 31 dossiers, ces nouveaux « Harkis » sont en Afghanistan, « où leur quotidien est difficile, fait de déménagements suites à des menaces très claires […]. Certains ont même fui sans attendre que la France leur délivre un visa, par leur propre moyen, comme d'autres réfugiés, pour rejoindre l'Europe, ou un pays où ils seraient en sécurité ».

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