Les refus successifs de représentants du Front national de participer aux émissions politiques de France Télévisions passent mal à la direction du groupe. Jeudi dernier, lors d'une intervention devant les médias à Paris, le patron de l'information de France Télévisions a fait savoir qu'il alerterait le CSA sur l'attitude du FN. Pour lui, il s'agit ni plus ni moins d'une « stratégie » médiatique.
Pour le responsable de France Télévisions, la stratégie du FN consisterait à faire profiter à ses représentants d'un maximum de temps de présence sur les plateaux, le tout à un moment politiquement porteur, peu avant le début de la campagne officielle et la remise à zéro des compteurs du gendarme de l'audiovisuel.
Des accusations qui ont fait réagir le vice-président du Front national. Mardi, dans Le Figaro, Florian Philippot a déclaré:
« Le Front n'a aucune stratégie de se réserver des temps de parole à un moment ou à un autre. C'est le droit de Marine Le Pen de maîtriser les moments de son exposition sans être obligée de commenter systématiquement les différentes hypothèses des primaires. »
Pour le Front national, la situation est claire: Marine Le Pen n'entend pas se joindre à la mêlée politico-médiatique de la campagne avant la fin des primaires de ses adversaires. Bref, si le Front national n'a pas de stratégie, selon, son vice-président, il a tout de même quelques idées arrêtées sur la manière de s'exposer médiatiquement.
« Marion Maréchal Le Pen privée de télévision par sa tante » titrait le 27 octobre, non sans une certaine ironie, le Figaro. Une ligne qui n'a pas manqué d'être reprise par une grande partie de la presse qui trouvait une certaine ironie à ce qu'un parti se plaignant habituellement qu'on ne lui accorde pas assez la parole refuse des invitations plateau.
Pourtant, si ni Marine ni Marion Maréchal Le Pen n'étaient présentes sur le plateau de l'Émission politique du 10 novembre, qui avait été chamboulée en « numéro spécial » pour cause d'imprévu majeur aux élections américaines, Florian Philippot était bel et bien présent, aux côtés de Ségolène Royal et Dominique de Villepin. La veille, toujours sur France 2, Marine Le Pen était l'invitée de la grand-messe du 20 h.
En tout état de cause, si accorder une couverture médiatique aux représentants politiques est un devoir pour les journalistes, est-ce pour autant une obligation pour ces mêmes politiques d'y répondre favorablement?
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