Certains d'entre eux ont opéré des métamorphoses surprenantes… Si encore hier certains avaient des « hauts-le-cœur » à cause des paroles de Trump, aujourd'hui le président américain est submergé par des télégrammes de félicitations transmettant l'espoir d'une collaboration fructueuse.
Dans leur tentative de se justifier, certains disent que Trump changera et que ses actes en tant que président seront différents des déclarations qu'il tenait quand il était candidat. D'autres, comme les dirigeants ukrainiens, effacent leurs publications sur les réseaux sociaux où ils critiquaient violemment le candidat républicain en comptant visiblement sur une amnésie générale.
J'ai eu tort, je me suis emporté
La métamorphose la plus révélatrice est probablement celle du ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson. Plus tôt, en commentant une déclaration de Trump sur l'interdiction de laisser entrer les musulmans aux États-Unis, Johnson avait qualifié le candidat républicain de « fou ». Mais le résultat de la campagne américaine lui a radicalement fait changer de point de vue. Supposant visiblement que les Américains ne pouvaient pas élire un président fou, Johnson a déclaré qu'il était prêt à travailler avec Trump sur la stabilité mondiale et l'a félicité pour sa victoire. Johnson, qui n'a pas la langue dans sa poche, avait également critiqué l'autre candidate, Hillary Clinton, la qualifiant d'"infirmière sadique". Il aurait donc dû se justifier dans tous les cas.
Le président vénézuélien Nicolas Maduro, qui qualifiait ouvertement Trump de « bandit », s'est empressé de transmettre ses félicitations au président élu, même s'il ne l'a pas fait directement mais via le secrétaire d'État américain John Kerry.
Même chose avec le président mexicain Enrique Peña Nieto, qui parlait de Trump comme d'une menace pour son pays. Selon le dirigeant mexicain, il s'est entretenu par téléphone avec le nouveau président et a déjà planifié une rencontre avec lui.
La nausée disparaît
En France comme en Allemagne, les hommes politiques n'ont pas caché que la victoire de Trump était une surprise désagréable pour eux. Néanmoins, le président français François Hollande, qui disait avoir des « hauts-le-cœur » à cause des « excès » de Trump, a tout de même félicité le candidat républicain pour sa victoire. Sachant que dans son discours, Hollande a été plus cohérent dans ses propos que ses homologues d'autres continents en rappelant que certaines déclarations de Trump pendant sa campagne étaient inquiétantes et que la victoire du républicain ouvrait une période d'incertitude.
Dans sa lettre adressée au président américain élu, Hollande lui a suggéré d'entamer au plus vite un dialogue bilatéral au vu des intérêts partagés par la France et les USA. Le président français pense également que l'amitié historique entre les deux peuples permettra aux dirigeants de trouver un terrain d'entente.
De son côté, le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier qui critiquait Trump car il véhiculait "un discours de haine", a déclaré qu'en dépit de la divergence des résultats de l'élection américaine avec les attentes de la plupart des Allemands il fallait respecter ce choix.
Trump va changer
Pour les hommes politiques européens la victoire de Trump était si inattendue qu'elle a nécessité la convocation d'une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l'UE le 13 novembre, où les ministres évoqueront le nouveau contexte.
Néanmoins certains d'entre eux, comme le président du Parlement européen Martin Schultz qui qualifiait le milliardaire excentrique de problème non seulement pour l'UE mais également « pour le reste du monde », pensent que ses actions au poste de président seront différentes de ses déclarations de campagne.
« Durant toute la course présidentielle on a entendu des déclarations sur le protectionnisme et des propos inquiétants sur les femmes et les minorités. Mais d'après mon expérience les campagnes électorales sont différentes de la politique réelle, surtout quand on occupe le poste de président. J'espère que nous reviendrons à une coopération rationnelle », a déclaré Schulz.
Le premier ministre italien Matteo Renzi pense également que Trump se montrera différent au poste présidentiel que ce qu'on aurait pu croire pendant la campagne.
« Je pense que le président Donald Trump ne sera pas comme le candidat Trump. On le voit déjà d'après son premier discours après l'élection. Il aura ses idées et je pense que sa présidence contiendra des éléments différents de sa campagne électorale », a déclaré le premier ministre italien pendant une communication en direct avec les abonnés à sa page Facebook.
Effacer les traces
Ainsi, le ministre ukrainien de l'Intérieur Arsen Avakov, qui qualifiait Trump de « marginal » après sa « déclaration indécente » sur la Crimée, a supprimé cette publication après l'annonce des résultats de l'élection aux USA.
Le commentaire du chef du Parti radical Oleg Liachko, qui avait qualifié la victoire de Trump de « catastrophe », a également disparu rapidement de Facebook.
« La victoire de Trump est une catastrophe. Mais nous, les Ukrainiens, devons faire notre affaire », a écrit Liachko sur Facebook avant d'effacer sa publication.
Ce comportement s'est avéré contagieux: l'Ambassadeur de France aux USA Gérard Araud a également "retiré ses propos" après avoir écrit sur Twitter qu'après le Brexit et une telle élection aux USA, « tout était possible".
« Après le Brexit et cette élection, tout est possible. Un monde s'effondre devant nos yeux. Un vertige », avait écrit le diplomate avant d'évoquer « la fin d'une époque, celle du néolibéralisme ». Cependant, toutes ces publications ont été rapidement supprimées de la page d'Araud.