L'idée de voir Donald Trump accéder à fonction suprême aux États-Unis ne semble pas réjouir outre mesure les leaders européens. Bien que leurs réactions aient été largement plus mesurées que celles de l'exécutif français, certains hauts fonctionnaires européens ont eu du mal à cacher leur déception de voir Donald Trump l'emporter sur la candidate démocrate.
Une ligne sobre tenue par la chef de la diplomatie européenne, Frédérica Mogherini, qui twittait dans un élan de relativisme « Les liens UE-USA sont plus profonds que n'importe quel changement politique ». Au micro de Christiane Amapour, elle a remercié l'actuelle administration américaine pour la parfaite coopération entre les États-Unis et l'Europe ces dernières années. Elle a cependant cru nécessaire de souligner à plusieurs reprises que la politique étrangère européenne est déterminée indépendamment de ce qui se passe à Washington.
EU — #US ties are deeper than any change in politics. We'll continue to work together, rediscovering the strength of Europe
— Federica Mogherini (@FedericaMog) 9 novembre 2016
Quant à Martin Schulz, s'il admet que le choix de l'électorat américain « doit être respecté », c'est pour mieux souligner que la nouvelle ne le réjouissait pas. Interrogé le 9 novembre au matin sur Europe 1, le président du Parlement européen a de plus déclaré que « cela sera difficile, cela sera plus dur qu'avec les administrations précédentes », espérant « trouver un créneau pour coopérer » avec Trump, précisant avoir « beaucoup espéré » voir Hillary Clinton l'emporter. Pas étonnant quand on se souvient que Donald Trump s'était prononcé en faveur du Brexit.
« Ce que j'espère, c'est que l'administration américaine ne va plus mettre autant son nez dans les affaires européennes que naguère, monsieur Trump s'étant déclaré en faveur du Brexit. »
Explique François Asselineau, Président de l'Union Populaire Républicaine (UPR), soulignant que Trump avait « prit le contrepied de toutes les administrations américaines depuis la Seconde Guerre mondiale »
Revenant sur la réaction frileuse des élites européennes face à l'élection du candidat républicain, il se prête à une comparaison historique avec les dirigeants de l'ancienne Europe de l'Est afin de dénoncer la « pensée servile » des leaders européens :
Quant aux conséquences économiques, elles demeurent largement à déterminer. Trump a laissé entendre durant sa campagne que les pays européens membres de l'OTAN devraient assumer une plus grande part financière de leur défense. S'il met en application cette promesse de campagne, cela ne sera pas sans conséquence budgétaire pour les Européens.
Pour autant, l'ex-candidat républicain n'a jamais évoqué la mise en place d'une surtaxe douanière de l'ordre de 45 % à l'encontre des produits européens, comme il l'a fait pour les Chinois. Quant à l'argument vis-à-vis de la mise en place d'un « protectionnisme américain », notamment en matière de marchés publics, ils sont déjà largement fermés aux entreprises étrangères, pas de bouleversement à attendre de ce côté. C'est essentiellement l'avenir des grands traités de libre-échange (TAFTA — TTIP dans le cas de l'UE) qui est sur la sellette, mais bien malin qui pourra dire ce que Donald Trump décidera finalement à leur sujet.
« Vous allez voir, comme par miracle, que si Donald Trump rencontre Vladimir Poutine et conviennent de cesser la politique des Sanctions, dans les semaines, les mois suivants, l'UE lèvera ses sanctions vis-à-vis de la Russie. »
Comme le déclare François Asselineau, cette victoire de Donald Trump, un candidat qui n'était pas celui du Système, « n'était pas prévue au programme ». En témoignent pour le président de l'UPR les chiffres cités par BFMTV : sur 200 médias américains, 194 avaient pris fait et cause pour Hillary Clinton.
« À ce niveau-là, ce n'est plus de la démocratie, c'est du bourrage de crâne ».
Imprévu donc, tant est si bien que l'Union européenne vient de convoquer une réunion spéciale des ministres des Affaires étrangères de l'UE, ce dimanche à Bruxelles.
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