A Murshidabad, petite ville de l’État du Bengale en Inde, un résident sur deux ne sait ni lire ni écrire. A l'âge de neuf ans seulement, le jeune Babar Ali a créé une école du soir pour alphabétiser gratuitement les enfants n’ayant aucune possibilité de recevoir une éducation.
Dans sa famille, Babar a été le premier à recevoir une éducation. Chaque jour, le garçon devait parcourir deux kilomètres à pied afin de prendre un bus pour une autre ville où se trouvait son école.
« Il m’était difficile de me rendre à l’école. Je vivais très loin de là. Mais les leçons étaient si intéressants que je n’ai pas pu me priver de cette chance », se souvient-il.
Le fait est que l’école gouvernementale que Babar Ali a fréquentée tous les matins était gratuite, comme toutes les écoles publiques en Inde, mais ses parents devaient quand même débourser 40 dollars par an pour payer l’uniforme, le matériel pédagogique, le trajet et les autres dépenses annexes… Et quand on vit au jour le jour, comme de nombreuses familles pauvres de Murshidabad, réunir 40 dollars est un luxe impensable.
Pour aider leurs parents à joindre les deux bouts, les petits enfants travaillent dans les champs ou font le ménage chez des particuliers. Et aller à l’école n’est pas une option.
Ainsi, un jour, animé par sa passion de partager son savoir, Babar a proposé à ces pairs de « jouer à l’école » et leur a exposé en termes simples tout ce qu’il avait appris jusque-là. Peu après, une classe de huit personnes s’est formée dans une cour d’une maison rurale et Babar Ali, âgé à l’époque de neuf ans, est devenu le plus jeune instituteur du monde.
Son école de rue n’avait ni horaires de cours ni programme d’apprentissage. Mais elle avait un avantage incontestable, celui d'être gratuite.
L’école de Babar Ali s’est ensuite agrandie et est maintenant fréquentée par plus de 800 garçons et filles. Au fil des ans, des sponsors sont apparus. Ils donnent de l’argent pour de nouveaux manuels et l’alimentation des écoliers. En outre, même si l’école de Babar a déménagé dans un bâtiment individuel, les études ne prennent pas plus de deux heures chaque jour. Ainsi, les enfants obligés de travailler avec leurs parents peuvent suivre les cours sans sacrifier les affaires familiales.
À l’âge de 23 ans, Babar Ali a déjà alphabétisé plus de 3 000 enfants de Murshidabad. Et il n'entend pas en rester là !