Sous les drapeaux de la stabilité mondiale, l'Union européenne n'a pas pu et n'a pas voulu comprendre la réalité de la situation actuelle en Turquie en soutenant les personnes qui souhaitent le chaos dans le pays et qui leur donnent un statut en Europe, a avoué Ahmet Ogras, vice-président de Conseil français du culte musulman (CFCM) et président du Comité de coordination des musulmans turcs de France, dans une interview accordée à Sputnik.
« Il faut que l'UE prenne ses responsabilités et comprenne ce qui se passe en Turquie au lieu de prendre position », a insisté Ahmet Orgas.
« La Turquie aujourd'hui, elle est sincère dans sa démarche, qui date de 40-50 ans pour rejoindre l'Union européenne, donc elle le veut. Mais elle ne le veut pas à n'importe quel prix. Et surtout pas au prix d'une humiliation», a poursuivi l'expert.
L'Union européenne a critiqué un « retour en arrière » de la Turquie sur les critères d'adhésion au bloc européen. Dans le rapport publié ce mercredi, la Commission européenne a affirmé que la Turquie a connu « un sérieux retour en arrière au cours de l'année passée dans le domaine de la liberté d'expression ».
« Il est temps qu'Ankara nous dise ce qu'elle veut vraiment. C'est un test de crédibilité pour elle, mais aussi pour l'Union européenne », a estimé de son côté le commissaire européen à l'Élargissement, Johannes Hahn.
Le 8 novembre, Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, avait mis en doute la volonté d'Ankara d'adhérer à l'UE. Il avait déploré que ce pays « s'éloigne chaque jour de l'Europe », dans une référence aux vastes purges menées par le régime depuis la tentative de coup d'État de juillet 2016. Plus de 110 000 fonctionnaires, policiers, soldats, juges, journalistes et autres ont été arrêtés ou suspendus.
Le 9 novembre, le président turc Recep Tayyip Erdogan a, quant à lui, invité l'UE à se prononcer rapidement sur la demande d'adhésion de la Turquie au bloc communautaire. « Évaluez, mais ne tardez pas dans cette évaluation. Prenez une décision finale », a-t-il déclaré lors d'un discours prononcé à Istanbul et retransmis en direct à la télévision locale.