Au premier plan se place la réaction de la société toute entière face à un individu qui s'en saisit et prétend être le seul détenteur de la vérité. Qu'est-ce qu'un groupe peut opposer à un fanatique ? Jusqu'à quel point risque-t-elle de s'enfoncer dans cette manipulation ? Peut-on devenir meilleur — ce à quoi appellent les écritures ?
« On peut bien entendu devenir meilleur. — répond Kirill Serebrennikov — Mais on peut le faire dans le silence, l'harmonie et le calme. Quand c'est le silence autour de soi, quand les obus n'explosent pas, quand on n'a pas des gens qui tuent, que ça soit au nom d'Allah ou du Christ, on peut plonger dans les processus profonds du développement de soi… et devenir un être merveilleux ».
Pour son nouveau film qui a été présenté dans le programme « Un certain regard » à Cannes, le metteur en scène de théâtre Kirill Serebrennikov adapte une pièce qu'il a lui-même mise en scène dans son Centre d'art théâtral moderne, le Gogol Centre de Moscou, et qui se joue à guichets fermés. Selon lui, il existe une différence profonde dans ces deux existences de la pièce : « la réalité dans le cinéma et sur scène est tout à fait différente » :
« Le comédien sur scène doit obliger via son imagination le spectateur à croire qu'une construction bizarre sur scène est une forêt ou qu'une chaise posée au milieu est une classe. C'est tout le contraire dans le film ! On doit créer une réalité réaliste et le comédien doit y vivre comme dans la vie. Les comédiens qui ont joué dans mon film savent faire les deux, » confie M. Serebrennikov.
Selon le cinéaste russe, l'humanité ne reviendra plus jamais vers l'universalisme de la personne, puisque les hommes sont devenus des «slashers» et il s'explique :
« Par exemple : "physicien/rhéologue" ou encore "artiste/linguiste des langues morts". Cette capacité de faire coïncider un soi des connaissances et savoir-faire différents est un des signes caractéristiques de notre siècle. Cela veut dire que les hommes essayent d'établir des liens horizontaux entre eux, parce que les liens verticaux proposés par l'État, les politiciens et l'Église ne fonctionnent plus, ils sont discrédités par la violence et les guerres qu'ils ont provoquées. Du coup, les hommes essayent de trouver en eux-mêmes plusieurs pôles, crochets, récepteurs pour s'agripper encore à quelque chose ».
A la question de savoir si la personne pouvait trouver les réponses par elle-même, trouver l'harmonie dans ce monde, le cinéaste russe répond :
« L'harmonie…. Je continue à la chercher. Je n'ai pas de réponses toutes faites, j'ai surtout plein de questions ! Je ne peux donner à personne de conseils sur leur vie. J'ai surtout envie de pousser le spectateur à réfléchir, à voir les choses habituelles sous un autre angle. C'est ma motivation profonde… qui s'adresse en premier lieu à moi-même ».
Les spectateurs ont la possibilité d'essayer de percer les questions posées par le cinéaste soit lors du festival « Regards de Russie » entre le 9 et le 15 novembre dans trois cinémas à Paris : l'Arlequin, Le Majestic Passy et Le Reflet Médicis, soit sur les écrans en France, à partir du 23 novembre.
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