Ankara n'avalise toujours pas le lancement des projets de construction allemands sur la base aérienne d'Incirlik, dans le sud de la Turquie, une plate-forme de mission de la Bundeswehr contre le groupe terroriste État islamique (Daech), annonce la presse allemande.
L'Allemagne entendait investir 58 millions d'euros dans cette base aérienne turque pour soutenir sa propre mission au sein de la coalition internationale anti-Daech. Il s'agissait notamment de construire un aérodrome pour les chasseurs allemands polyvalents Tornado, d'aménager un poste de commandement mobile ultramoderne et de bien d'autres choses encore.
Les travaux auraient dû commencer au milieu de l'année en cours, mais le « protocole d'infrastructure » n'est toujours pas signé, « la partie turque menant des procédures intérieures requises pour l'approbation définitive du projet ».
Auparavant, la « résolution arménienne » par laquelle le Bundestag avait reconnu le génocide des Arméniens sous l'Empire ottoman en 1915 a indigné Ankara, en aggravant en flèche les relations entre la Turquie et l'Allemagne.
L'ire des autorités turques ne s'est pas limitée à des déclarations tapageuses. De graves démarches politiques ont suivi. Ainsi, Ankara a rappelé son ambassadeur à Berlin et n'a pas permis aux députés allemands de visiter les soldats de la Bundeswehr déployés à la base aérienne d'Incirlik. Par ailleurs, la Turquie a annulé la visite de journalistes allemands sur cette base.
Début octobre, des parlementaires allemands ont enfin pu s'y rendre et rencontrer leurs militaires, fait que les médias ont évalué comme la fin de la querelle turco-allemande, mais en vain. On a bien l'impression que rien ne va plus entre Ankara et Berlin. La tension ne cesse de monter, et rien que jeudi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a reproché à l'Allemagne d'« héberger des terroristes », dont les partisans du prédicateur musulman exilé aux États-Unis, Fethullah Gülen, qu'Ankara accuse d'avoir fomenté la tentative de coup d'État du 15 juillet.
Selon différentes données, un million et demi d'Arméniens ont été exterminés de manière systématique à la fin de l'Empire ottoman en 1915. Nombre d'historiens et plus de 20 pays, dont la France, l'Italie et la Russie, ont reconnu le fait du génocide. La Turquie affirme pour sa part qu'il ne s'agissait que d'une guerre civile, doublée d'une famine, dans laquelle 300 000 à 500 000 Arméniens et autant de Turcs avaient trouvé la mort.
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