Les militaires de la Garde russe viennent des quatre coins du pays au détachement de formation navale situé sur le lac Baïkal: certains pour une formation initiale afin de devenir plongeur, d'autres pour une confirmation de qualification annuelle. Le centre peut accueillir 40 personnes à la fois.
Auparavant, cette base formait les matelots appelés — ils recevaient la spécialisation de « plongeur » et partaient dans leur garnison d'affectation. Mais ces dernières années, dans le cadre du passage au service sous contrat, la technique de sélection des hommes suivant la formation a changé.
Pour devenir plongeur aujourd'hui, « il faut surtout avoir de la volonté et une bonne santé ». La base accueille les militaires de la Garde russe qui veulent devenir plongeurs, sachant qu'un poste avec cette spécialité doit être disponible dans leur unité.
Après la formation et en fonction des résultats aux examens, les membres de la commission d'attestation attribuent des notes et la qualification de plongeur. Tout cela est précédé de longues heures de théorie, d'entraînements et d'immersions.
Cacher un plongeur sous l'eau
Avant tout, les futurs plongeurs apprennent la théorie — la médecine et la connaissance de l'équipement de plongée. Pendant la formation, on leur apprend également l'histoire de la plongée pour inculquer un véritable intérêt pour ce métier.
Par ailleurs, les plongeurs se familiarisent avec différents types d'équipements — les combinaisons humides et sèches, les appareils de respiration. Les plongeurs apprennent à utiliser des équipements avec un système ouvert de respiration — comme les plongeurs classiques — et fermé — un système fermé d'apport et de circulation d'air. On dit de cet équipement qu'il est subversif car il n'émet pas de bulles d'air à la surface et il est donc difficile de repérer le plongeur.
Un vélo d'exercice spécial pour les plongeurs
La base de Severobaïkalsk dispose d'un appareil original unique en son genre (il n'en existe que deux en Russie): un vélo d'exercice développé spécialement pour la Garde russe. Il est destiné à apprendre les techniques respiratoires dans différents types d'équipements de plongée. Il permet également de simuler des situations d'urgence qui peuvent se produire sous l'eau. Le militaire s'assoit sur le vélo, place la tête dans le casque et commence à pédaler.
« De cette manière nous vérifions le niveau de préparation physique et de résistance psychologique. Le vélo d'entraînement permet de créer une charge équivalente à une profondeur allant jusqu'à 60 mètres pendant l'exercice, il est possible de suivre les rythmes physiologiques du soldat », explique le capitaine de corvette Vladimir Diordiachenko.
Les situations d'urgence sont provoquées en avertissant le plongeur à l'avance ou sans avertissement. Après le signal du responsable, l'eau commence à arriver dans le scaphandre du plongeur. Les actions et la réaction du sujet sont suivies par les observateurs, on peut voir sur les écrans sa fréquence respiratoire, son pouls et sa ventilation pulmonaire.
À la piscine
La partie pratique se déroule aussi bien dans le lac Baïkal qu'à la piscine, que les militaires appellent le « joyau » du nouveau complexe de formation. Elle mesure 20 mètres de long pour huit mètres de large et fait sept mètres de profondeur.
21 personnes peuvent s'y entraîner à la fois, sachant qu'il est possible de créer différentes conditions sous-marines et même d'imiter un fort courant. La piscine dispose également d'un « compartiment inondé » et d'un tuyau de six mètres de long et de 533 mm de diamètre qui imite un lanceur de torpilles. Les plongeurs le franchissent pour travailler la sortie du lance-torpilles d'un sous-marin. À première vue, le passage est très étroit mais les plongeurs ont leurs techniques de franchissement des « endroits difficiles », même avec les bouteilles d'oxygène.
La piscine possède également trois palans mobiles — des dispositifs suspendus d'élévation. Ils permettent aux plongeurs de travailler les compétences de remontée-descente de fret et d'autres types de travaux techniques sous-marins. Cette année, un nouvel élément a été installé au-dessus de la piscine — une corde suspendue à franchir en combinaison de plongée.
Tous les cours sont suivis par les systèmes de vidéosurveillance sous-marins et de communication avec les plongeurs par le biais d'un hydrophone. Les élèves et le formateur de plongée peuvent également communiquer avec des signes.
Dans l'eau froide du Baïkal
Mais c'est dans le lac Baïkal que les plongeurs travaillent leurs principales compétences. Sachant que le cursus n'est pas interrompu en hiver quand le lac est gelé. Dans ce cas, on installe près du site de plongée des tentes chauffées qui permettent de suivre la formation pratiquement sur tous les sites du polygone. Dans le Baïkal, les plongeurs descendent jusqu'à 20 m de profondeur.
« Le futur plongeur apprend toutes les compétences d'examen sous-marin des équipements, des installations hydrotechniques, du sol, y compris en utilisant des détecteurs de métaux. Les plongeurs apprennent également à se repérer sous l'eau, à rechercher et à classifier les engins explosifs, à examiner les cibles et à calculer la quantité d'explosif nécessaire pour les détruire. De plus, les élèves sont formés à tirer avec des armes spéciales sous l'eau et à la surface. La plupart de ces exercices sont travaillés depuis le quai », note Vladimir Diordiachenko.
De plus, la base est équipée pour organiser des travaux subversifs sous l'eau et le lac a un parcours d'obstacles flottant spécial qu'on utilise pour travailler les compétences de plongée en équipe en mer, d'adaptation au milieu maritime sans appareils de respiration, pour développer l'endurance physique et la résistance psychologique. Le parcours de 115 mètres compte neuf éléments flottants le long de la côte — des murs de corde, des échelles flottantes, des pontons et des obstacles qu'il n'est possible de franchir qu'avec l'aide de ses camarades.
Le caisson hyperbare magique
Pendant les entraînements, les plongeurs utilisent également un caisson hyperbare — le seul de l'Oural jusqu'en Extrême-Orient. Ce grand réservoir hermétique qui ressemble à une capsule est prévu pour entretenir l'activité vitale du plongeur dans un milieu sous pression accrue. Ce dispositif permet de simuler la plongée jusqu'à 100 mètres de profondeur.
Le comportement et l'état du plongeur sont suivis de l'intérieur par les caméras. En s'entraînant sous la pression, les plongeurs franchissent différentes "profondeurs" entre 20 et 100 m. Chaque profondeur prévoit son propre régime et délai de séjour dans la chambre. Par exemple, on compte 1h20 pour une « descente » à 40 mètres.
De plus, il permet d'organiser des régimes de recompression pour soigner les plongeurs. En cas d'incident ou de maladie professionnelle, le plongeur est placé dans la chambre pour être soigné par un psychologue.
En outre, pour prévenir les maladies et se rétablir, le plongeur dispose de 15 jours de congés supplémentaires, ainsi que de soins obligatoires au sanatorium. Le militaire peut choisir un sanatorium de la Garde nationale où il bénéficiera de soins ou de réhabilitation. Il peut s'agir de centres dans le Caucase, dans la région de Moscou, en Extrême-Orient et dans d'autres régions.
Un anniversaire dont on peut être fier
Après la formation sur la base, les plongeurs reviennent dans leur unité pour travailler dans leur spécialité. Les principales missions des plongeurs de la Garde russe sont la protection des sites publics sensibles contre les commandos sous-marins, ainsi que l'assistance des sauveteurs et des garde-frontières en cas de situation d'urgence.
« Ce mois-ci, les unités du district de Sibérie de la Garde nationale de Russie fêtent leur 20e anniversaire, la base de plongée a à peu près le même âge. Le temps passe, les missions nécessitent de nouveaux équipements et nous grandissons : une nouvelle base de formation pratique apparaît, nous élaborons de nouveaux manuels de formation, nous inventons des spécificités dans le processus d'apprentissage pour qu'il soit intéressant pour tous les plongeurs. En comparant notre base à d'autres écoles de plongée, nous sommes en tête aujourd'hui », souligne Vladimir Diordiachenko.
À Saint-Pétersbourg, où l'on forme des plongeurs pour le ministère de la Défense, on entraîne peu d'hommes et l'école de plongée de Sébastopol vient seulement d'ouvrir.
« Chez nous tout ce système est mis au point, nous avons construit un nouveau complexe d'entraînement, toutes les conditions sont réunies pour que nous puissions accueillir un groupe de plongeurs et étudier méthodiquement avec eux le métier. Notre base est unique — nous formons des plongeurs dans les conditions extrêmes dues à la température du Baïkal. Nous avons des capacités colossales et nous ne pouvons pas nous arrêter, le travail se poursuit », conclut Vladimir Diordiachenko.
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