Alors que syndicats de police et gouvernement discutaient à l'Élysée, les policiers en colère battaient encore le pavé partout en France. Si cette nuit du 26 octobre la mobilisation a fléchi, la grogne des policiers faiblit-elle pour autant?
Il a d'abord débloqué une « enveloppe globale » de 250 millions d'euros afin de rééquiper la police: réfection de locaux et équipements commandés en urgence pour la police et la gendarmerie. Le ministre de l'Intérieur évoque principalement des matériels de protection et des armes neuves. Ainsi, « chaque équipage de police-secours et de gendarmerie sera doté d'un bouclier balistique souple et de gilet par balles porte-plaques ». Des équipages dont les véhicules recevront extincteurs, trousse de secours et vitrages renforcés. En prime, des tenues ignifugées et des véhicules blindés seront déployés, car pour Bernard Cazeneuve « le but est bien celui-ci: permettre aux policiers d'entrer dans les quartiers pour aller chercher les délinquants. »
Cependant, gouvernement et syndicats ne répondent pas au cœur des revendications posées par les policiers. Ce qu'ils dénoncent depuis le début, c'est le laxisme judiciaire, exacerbé par le passage de Christiane Taubira place Vendôme. Le point n'a pas été abordé, pas plus que l'indifférence et le carriérisme de leur hiérarchie, que dénoncent les agents de terrain.
Pourquoi s'étonner alors que la mobilisation ait continué cette nuit? Le pouvoir répond à côté de la question posée par les policiers en colère. C'est moins l'embuscade de Viry-Châtillon qui a poussé les policiers dans la rue que la réponse de Manuel Valls et Bernard Cazeneuve à ce drame. Le Premier ministre a proposé d'équiper les policiers de combinaisons ignifugées et leurs voitures de blindages. Une réponse purement technique à des policiers qui attendaient un geste politique fort.
Selon, Éric, militant du mouvement sans syndicats ManifPolice, interrogé par Sputnik devant l'Assemblée nationale, les syndicats auraient dû réagir plus tôt aux attaques contre les policiers en France:
« Ils s'y prennent un petit peu trop tard. Il aurait, peut-être, fallu dès le départ — des faits annoncés de Viry-Châtillon ou même d'autres faits précédents — se réunir en intersyndicale et peut-être qu'ils auraient pu comprendre ce que la base voulait. La base demande depuis un certain temps certaines choses et on n'a jamais vu ces choses arriver jusqu'à présent. »
Que dire aussi de Jean-Marc Falcone, le Directeur général de la Police nationale (DGPN) qui a menacé de sanctions les participants à la manifestation de policiers place de l'Étoile dans la nuit du 17 au 18 octobre? Hué et sifflé, il a fait l'unanimité des policiers contre lui et favorisé leur mobilisation. Autre maladresse enfin, Jean-Christophe Cambadélis avait dès les premières nuits de mobilisation ouvertement assimilées les organisateurs au Front national. Une tentative de discrédit qui fait rapidement long feu.
En 1958, des manifestations massives de policiers avaient fragilisé la IVe République — déjà à bout de souffle — et contribué à sa chute. Plus près de nous, en décembre 2001, c'était les gendarmes qui avaient manifesté par milliers en France pour réclamer plus d'effectifs et de moyens à Lionel Jospin… nous étions à cinq mois d'une présidentielle qui verra le Premier ministre évincé au premier tour. Des précédents à méditer.
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