Toutes les conjectures tablant sur leur hétérogénéité notamment entre deux puissances néo-communistes et trois puissances démocratiques sont régulièrement désavouées par les faits. On voit s'affirmer un nouveau Forum mondial alternatif.
Invités:
Renaud Bouchard — Juriste — Géopoliticien — Economiste (Doctorant CEMI-EHESS).
Mikhail Davydov — assistant parlementaire du sénateur Ilya Soumahanov, vice-président du Conseil de la Fédération de Russie.
Les conflits s'invitent au sommet des BRICS: la Syrie bien sûr, mais aussi celui qui couve entre l'Inde et le Pakistan. Comment les BRICS peuvent-ils peser sur ces conflits? Quelles relations ont-ils avec des pays comme l'Iran, le Pakistan et les Pays du Golfe?
Mikhail Davydov « Je pense que le conflit syrien, qui dépasse déjà depuis longtemps les frontières de la Syrie, c'est une tragédie humaine. Malheureusement, les efforts multiples afin de régler ce conflit rencontrent la résistance des autres participants […] qui mettent de l'huile sur le feu. Ils essayent de soutenir les différentes parties opposées pour que le conflit perdure et surtout et pour utiliser ce conflit afin de rebattre les cartes […] dans la région et même au-delà… Le fait que les BRICS aient mentionné le conflit syrien va jouer un rôle politique positif […] et mettre en place un forum qui va aider à gérer [la crise] et sortir de ce conflit ».
Renaud Bouchard « Il y a aussi eu une déclaration qui a décrit la position commune des BRICS sur la crise syrienne. On sait que la Chine a mainte fois soutenu la position de la Russie sur la situation en Syrie tandis que l'Inde de son côté a déjà exprimé un intérêt majeur pour l'avènement d'un Moyen-Orient stable… Aussi, M. Li Baodong, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères a déclaré très précisément que la Chine et la Russie occupaient des positions similaires sur les questions internationales et régionales les plus importantes… »
N'y a-t-il pas aujourd'hui une forme de conflit latent entre les organisations qui portent une vision très antagonique du monde et des organisations comme l'organisation de la coopération de sécurité de Shanghai, qui quant à elle, voit plutôt l'objectif de stabilité, c'est à dire non pas de se monter les uns contre les autres, mais au contraire d'organiser la stabilité?
Mikhail Davydov « Non, je pense que par comparaison avec les pays qui sont de l'autre côté de l'océan, nous nous sommes très concernés par le fait que les problèmes voyagent à travers notre continent. On sait très bien que si tu mets le feu d'un côté de l'Eurasie, il va se répandre de l'autre côté de l'Eurasie. Voilà pourquoi même en prenant en compte les distances qui nous séparent du Moyen-Orient ou de l'Afghanistan […] Tous les pays sont concernés, d'où ce besoin d'en discuter, car même s'ils existent de petites querelles entre nous, la plus grande menace, c'est la déstabilisation de nos sociétés qui vient de la poussé du terrorisme et d'extrémisme et de la xénophobie. »
Renaud Bouchard « J'ajouterai que dans le cadre spécifique des BRICS et de l'organisation de coopération et de sécurité de Shanghai il y a aussi un deuxième élément qui est une sorte de ciment en réalité […] c'est un ciment purement économique et c'est l'Union économique eurasiatique. Et c'est un autre point particulièrement important […] et ce sont des éléments fédérateurs d'une immense partie d'une zone continentale. Pour les adeptes de la géopolitique, je ne rappellerai pas les termes de Mackinder, mais on est dans une vision complètement continentale avec 22 000 000 de kilomètres carrés et avec une organisation eurasiatique avec des masses de populations qui sont complétement gigantesques […] »