À l’Est, du nouveau : encore «plus d’OTAN» près des frontières russes

© AP Photo / Mindaugas KulbisBritische Soldaten
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La concentration de forces de l’OTAN aux frontières russes est la plus importante depuis la guerre froide. Le Royaume-Uni a annoncé l’envoi au printemps 2017 d’un bataillon de 800 soldats en Estonie, appuyés par des Français et des Danois. Une nouvelle étape dans le bras de fer avec Moscou?

La tension entre l'Est et l'Ouest, dont « La menace russe » et « l'agressivité russe » seraient la cause, a franchi une nouvelle étape. Les Britanniques ont claqué la porte de l'UE, mais pas celle de l'OTAN: le Royaume-Uni jette un regard sur l'est de L'Europe et envoie 800 soldats en Estonie, avec le soutien des soldats français et danois. Les États-Unis envoient de leur côté 900 hommes, le Canada 450, L'Allemagne entre 400 et 600, l'Italie 140.

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Ce n'est pas la peine de les compter un par un. L'objectif de l'Alliance est connu: quatre groupes de combat près de la frontière russe avec au total 4 000 soldats, soutenus par les 40 000 hommes de la Force de réaction rapide de l'OTAN. Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'OTAN, estime cette dissuasion crédible. Les Russes, pas vraiment. L'histoire est ancienne, mais est-on en train d'en écrire un nouveau chapitre? D'après Sophie Lefeez, chercheuse associée à l'IRIS, spécialiste des questions de politique d'équipement, cette course militaire n'apporte pas de solution:

« C'est ça qui est un peu paradoxal, c'est que chaque camp estime qu'il se protège de gestes agressifs ou aussi en provenance de l'autre et chacun cherche à se rassurer ou rassurer ses alliés. […] Je pense que la solution devra impliquer quelque chose qui permet à chacun, à chaque camp de sauver la face. Il faut qu'il y ait cet aspect symbolique qui soit pris en compte dans la solution, mais actuellement je ne vois pas de signe allant dans cette direction. Donc, on peut diviser les choses en deux camps: d'un côté l'Europe de l'Ouest, mais assez schématiquement et les Américains. Du côté des Américains, je vois assez peu de signes également allant dans ce sens-là. Après les événements en Ukraine, la plupart des analystes, l'avis des analystes me semble assez partiel des événements, partiel et partial. Il y aurait à mon avis une position à jouer de la part de certains pays d'Europe de l'Ouest, mais on l'a pas vue. Je pense qu'ils ont été un peu écrasés entre d'un côté leurs alliés américains et de l'autre leurs nouveaux alliés de l'Europe de l'Est ».

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Durant la rencontre des ministres de la Défense de la coalition internationale à Paris, Ashton Carter a encore une fois pointé du doigt « l'agressivité de la Russie ». Dès le lendemain à Bruxelles, la même formule a été reprise plusieurs fois par ses homologues de l'OTAN, après quoi l'envoi de renforts en Europe de l'Est a été annoncé. Sophie Lefeez estime que cette démonstration de force joue à la fois sur le théâtre européen et sur le théâtre moyen-oriental. Pour elle, il faut souligner que l'équilibre géopolitique est en train de changer et que le terme de « domination » n'est plus d'actualité:

« On ne peut pas espérer avoir un camp qui va dominer le monde. Je simplifie un peu les choses. Les Américains ont été la puissance dominante depuis la fin de la guerre froide et ils souhaitent le conserver. D'autres pays, comme la Russie, souhaitent revenir sur la scène en jouant un rôle de premier plan. Je ne crois pas qu'on puisse avoir un seul acteur de premier plan, je pense qu'à l'avenir […] il faudra qu'il y ait un partage du pouvoir entre plusieurs pays et il faut qu'on apprenne ce partage-là. Et c'est très compliqué, c'est quelque chose de nouveau, on n'en a pas l'habitude, on ne voit pas certainement des choses comme ça. »

Revenons sur « l'agressivité russe » et « la menace russe »: l'utilisation récurrente de ces termes par des hommes politiques occidentaux et par les médias porte ses fruits. Le dernier sondage de Forsa (Institut privé de sondage allemand) démontre qu'un Allemand sur trois a peur d'un éventuel conflit militaire avec la Russie.

Et de leur côté, de quoi les Russes devraient-ils avoir peur?

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